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Après un cancer du sein, la grande majorité des femmes retravaillent dans les deux ans

Le diagnostic du cancer du sein est vécu comme un séisme. La maladie bouleverse la vie, exige des traitements souvent lourds et éprouvants. Mais ce cancer se soigne de mieux en mieux. Et pour la plupart des femmes actives qui traversent cette épreuve, les probabilités de conserver ou de reprendre une vie professionnelle sont grandes. Tel est le principal enseignement – encourageant - d’une étude inédite menée par la Mutualité chrétienne auprès de 7.600 femmes. À contrario, le type de travail, le stade et la méthode de traitement de la maladie peuvent influencer l’entrée en incapacité et l’éventuelle reprise du travail.

Pour la première fois, une étude de grande ampleur met en lien des données de santé – le cancer du sein – et des données relatives à l’incapacité de travail. Parmi ses membres, la MC a sélectionné un échantillon de 7.600 femmes âgées entre 20 et 64 ans, actives sur le plan professionnel (1) au moment où un cancer leur a été annoncé (entre 2009 et début 2015) (1). Elle a analysé, pour ces personnes, les données de paiement d’indemnités d’incapacité de travail sur une période de deux ans suivant le diagnostic.

Une reprise pour la grande majorité des femmes

Premier résultat : pour près d’une femme sur quatre (24%), la mutualité n’a pas versé d’indemnité d’incapacité de travail dans les deux mois qui ont suivi la date de découverte du cancer. « Sans doute les personnes concernées ont-elles arrêté de travailler à un moment ou un autre et probablement pour de courtes périodes d’incapacité successives. Mais en tout cas, pour les travailleuses salariées, pas au-delà de la période de salaire garanti payé par l’employeur », observe Jean Hermesse, secrétaire général de la MC.

Deuxième constat : deux tiers (67%) des femmes pour lesquelles des indemnités d’incapacité ont été versées par la mutualité ont repris totalement ou partiellement le travail (ou le chômage) dans les deux ans qui ont suivi le diagnostic de cancer. En moyenne, l’indemnisation tourne autour d’un an. Pour 26 % des femmes, l’incapacité se prolonge au-delà de deux ans. Le décès survient malheureusement dans 2% des cas.

Retour plus difficile pour les indépendantes et ouvrières

Plus on est jeune, plus nombreuses sont les chances de reprise du travail, ressort-il de l’étude. Le type d’activités et le statut professionnel apparaissent également déterminants dans l’entrée comme dans la sortie de l’incapacité de travail. Ainsi, la probabilité de reprendre le travail est plus faible chez les ouvrières que chez les employées. « Le fait d’avoir un boulot très physique rend la reprise plus difficile. Et souvent avec peu de possibilités d’adaptation », avance Jean Hermesse.

Par ailleurs, les indépendantes ont une plus faible probabilité d’entrer en incapacité que les salariées. Mais quand elles y sont, elles ont tendance à y rester plus longtemps. « Certaines repoussent l’entrée en incapacité de travail de peur de l’impact de leur absence sur leur activité professionnelle. Et, sans doute paient-elles plus cher sur le plan de la santé le fait d’avoir tenu le coup le plus longtemps possible malgré la maladie et les traitements, commente Jean Hermesse. Certaines ont peut-être aussi été contraintes d’arrêter leur métier ou de revendre leur commerce durant leur incapacité, ce qui rend la sortie d’incapacité de travail d’autant plus difficile ».

Stade et traitement de la maladie, déterminants

Le stade de la maladie (3) semble avoir un impact sur le retour à l’emploi. Plus il est élevé, moins grande est la probabilité de retour au travail dans les deux ans. De 77% au stade I on passe à 27% au stade IV. La méthode de traitement influence aussi la reprise de l’activité professionnelle. Jean Hermesse détaille : « La chimiothérapie est un traitement très lourd qui entraîne de nombreux effets secondaires. Elle a un impact négatif sur la probabilité de retour au travail dans les deux ans. L'étude montre, par contre, que les femmes qui ont subi une chirurgie suivie par un traitement adjuvant (de la chimiothérapie et/ou de l'hormonothérapie et/ou de la radiothérapie) ont plus de chances de reprendre le travail dans ce délai. Or, c'est le traitement le plus fréquent ».

Au cas par cas

« Il est important de bien préparer le retour au travail avec l’aide du médecin du travail, de préférence en concertation avec le médecin-conseil de la mutualité et le médecin traitant de la personne, plaide Jean Hermesse. De nombreuses modalités de reprise existent, allant du poste adapté à une formation vers une autre profession en passant par une reprise partielle de l’activité professionnelle… Ceci étant dit, d’un point de vue médical, le fait qu’une majorité de femmes professionnellement actives reprennent le chemin du travail ou de l'emploi après un traitement du cancer du sein, c’est plutôt un signe positif, un message d’espoir aussi. Et la preuve qu’une stigmatisation des travailleurs en incapacité de travail - en particulier des malades atteints d’un cancer - ne repose que sur des préjugés, et est inadmissible », conclut Jean Hermesse.

(1) L'étude porte sur les salariées, les chômeuses et les indépendantes. Les fonctionnaires ne sont pas incluses car leur indemnisation en cas d'incapacité de travail n'est pas payée par la mutualité.
(2) La consultation oncologique multidisciplinaire (qui donne droit à un honoraire et un remboursement) permet de dater la pose du diagnostic de cancer du sein ainsi que son stade.
(3) Le stade permet de caractériser la tumeur : stade I : la tumeur reste localisée et les ganglions axillaires (au niveau des aisselles) sont sains ; stade II : les ganglions axillaires sont atteints ; stade III: d’autres ganglions fixés sur d’autres structures ou organes sont atteints ; stade IV : la tumeur est métastatique.

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