Incapacité de travail : mieux vaut prévenir que réinsérer
Comment empêcher les gens de tomber en incapacité de travail ? C'est la question abordée aujourd'hui par la Mutualité chrétienne lors d'une journée d'étude avec de nombreux intervenants. « Trop souvent, le débat se limite à la manière dont nous pouvons remettre les malades de longue durée au travail le plus rapidement possible », déclare Elisabeth Degryse, Vice-présidente de la Mutualité chrétienne. « Mais en nous concentrant uniquement sur cela, nous ne nous attaquons pas au problème à la source. »
Plus de 471 000 personnes sont actuellement indisponibles pour cause de maladie depuis plus d'un an. Depuis 2004, leur nombre a augmenté de près de 5 % par an. Malgré de nombreuses initiatives, la tendance ne s'est pas inversée. « Parce que nous regardons beaucoup trop peu l'ensemble », poursuit Elisabeth Degryse. « Nous mettons trop l'accent sur la responsabilité individuelle. Nos efforts visent à remettre les gens au travail, comme si c’était leur choix de rester chez eux. Pourtant les personnes en incapacité de travail ne souhaitent rien d'autre que reprendre le travail, dès que cela leur est possible. Or, nous nous demandons rarement comment empêcher les gens de tomber en incapacité de travail, alors que c'est la clé de la solution. Dès lors, de nombreux acteurs ont un rôle à jouer à cet égard, certes les travailleurs, mais aussi les employeurs, le gouvernement, les syndicats et les organismes assureurs. »
Pour cette journée d’étude, en présence, entre autres, de la ministre flamande Hilde Crevits et de la ministre wallonne Christie Morreale, la MC a réuni toutes les parties prenantes autour de la table. Dans le cadre de cet événement, la MC a enquêté, entre autres, sur les raisons pour lesquelles les gens décrochent pendant longtemps.
Coopérer de manière responsable
Fait marquant : pas moins de 56 % des personnes en incapacité de travail estiment que leur travail est (en partie) responsable de leur arrêt de travail. C’est particulièrement le cas pour les personnes confrontées à un burn-out (90 %) ou à une maladie mentale (69 %). Elles citent principalement la charge de travail élevée et les mauvaises relations avec leur responsable comme raisons de leur absence. Les personnes souffrant de maladies du système ostéoarticulaire et des tissus conjonctifs (par exemple, mal de dos) pointent aussi souvent du doigt leur travail (64 %), bien que, dans leur cas, la cause réside plus souvent dans la charge physique.
Ceux qui souhaitent reprendre le travail rencontrent encore des obstacles. Dans 40% des cas, ceux qui ont demandé des aménagements de leur travail, c'est-à-dire de travailler moins d'heures, d’avoir une fonction adaptée ou de bénéficier d'horaires plus flexibles, n'ont pu les obtenir. Parmi les employés qui ne se sentent plus en capacité de prester autant à leur retour au travail, un sur cinq ne ressent aucune compréhension sur son lieu de travail.
Fin de carrière
Au travers d'entretiens approfondis, la MC a également interrogé les salariés plus âgés (entre 55 et 64 ans) sur les difficultés qu'ils rencontrent en fin de carrière. Certains obstacles se situent au niveau personnel. Les participants à l'étude indiquent qu'ils se fatiguent plus vite, récupèrent plus difficilement, éprouvent davantage de douleurs physiques, mais font également face à des difficultés financières en raison d'emprunts à rembourser ou d'enfants qui étudient encore. Parfois, l'équilibre entre vies privée et professionnelle est également difficile à maintenir. A cette étape de la vie, les salariés sont parfois aidants d'un ou plusieurs parents.
D'autres défis se situent dans le contexte professionnel. Les personnes interrogées ont mentionné, entre autres, les changements organisationnels, les difficultés d’aménagements du temps de travail, les déplacements pour se rendre au travail, la charge de travail (tant physique qu'émotionnelle), la routine dans les tâches, les changements technologiques, les conditions physiques de travail (température, bruit, ...) ou le manque de respect des clients, des superviseurs et collègues.
« La population active vieillissant à un rythme rapide, ce sont des signaux qui ne peuvent être ignorés », explique Elisabeth Degryse. « Ils montrent que, surtout en fin de carrière, il faut beaucoup plus se concentrer sur des mesures et des aménagements pour augmenter le bien-être au travail et éviter que les gens ne deviennent inaptes au travail. »
Conciliation vies privée et professionnelle
Les deux enquêtes démontrent que l’équilibre entre vies privée et professionnelle est une responsabilité partagée et pas seulement celle de l'individu. Pour Elisabeth Degryse : « Nous mettons une pression maximale sur les gens pour qu'ils travaillent le plus longtemps possible et qu'ils reprennent le travail le plus tôt possible s'ils tombent malades. Si nous ne sommes pas prêts à avoir le débat sur la façon dont nous assurons le bien-être au travail et la conciliation vies privée et professionnelle, le nombre de malades de longue durée ne fera qu'augmenter. Il faut miser beaucoup plus sur la prévention, dans toutes les phases de la vie, avec des mesures spécifiques en fin de carrière, mais aussi pour les parents avec enfants ou les travailleurs aidants proches. Le travail et la vie privée doivent être beaucoup mieux alignés. Et c'est une tâche collective, non seulement des travailleurs, mais aussi des employeurs, du gouvernement, des syndicats et des organismes assureurs. Nous sommes face à un immense défi que nous ne pourrons mener à bien que si nous unissons nos forces. »
Pour plus d'informations
Contact presse MC : Manuel Di Pietrantonio, 0471 55 55 94