
Soins de santé
Plus le diabète est diagnostiqué tôt, mieux on peut en limiter les conséquences. Côté prévention, une activité physique régulière et une alimentation variée à base de produits frais réduisent fortement le risque de développer la maladie.
Publié le: 29 août 2025
Par: Julie Luong
7 min
Photo: (c)AdobeStock // Le diabète est une maladie silencieuse : il peut évoluer sans provoquer de symptômes pendant de longues années.
En Belgique, environ 7 % de la population a été diagnostiquée diabétique. Mais on estime que près d’un malade sur trois s’ignore, ce qui signifie que près de 10 % de la population serait diabétique. Maladie chronique, le diabète de type 2 peut être favorisé par certaines prédispositions génétiques mais ses causes principales demeurent le surpoids, une alimentation déséquilibrée et un manque d’exercice physique. S’il débute en général après la quarantaine, il apparaît aujourd’hui chez des personnes de plus en plus jeunes, y compris chez des enfants et des adolescents.
Le diabète se caractérise par une résistance à l’insuline. Cette hormone, produite par le pancréas, joue un rôle clé : elle permet au glucose (sucre) qui circule dans le sang de pénétrer dans les cellules de l’organisme où il est utilisé comme source d’énergie. Lorsque le diabète se développe, les cellules deviennent moins sensibles à l’insuline.. Pour compenser, le pancréas va alors se mettre à en fabriquer davantage (hyperinsulinémie réactionnelle). Mais avec le temps, le pancréas s’épuise et ne parvient plus à suivre. La sécrétion d’insuline se met alors à diminuer, avec pour conséquence un taux de glucose sanguin qui reste anormalement élevé.
Une glycémie normale à jeun se situe normalement entre 70 et 110 mg/dl. On parle d’intolérance glucidique ou "prédiabète" quand la glycémie se situe entre 100 mg/dl et 125 mg/dl à jeun et de diabète si elle égale ou dépasse 126 mg/dl à jeun (ou 200 mg/dl à n'importe quel moment de la journée).
Le diabète est une maladie silencieuse : il peut évoluer sans provoquer de symptômes pendant de longues années. Pourtant, la persistance d’un taux élevé de glucose dans le sang abîme la paroi des vaisseaux. Quand la maladie est installée depuis longtemps ou mal équilibrée, le risque de complications augmente, que ce soit au niveau du cœur, du cerveau, des yeux, des reins, des organes sexuels ou encore des membres inférieurs.. "Le diabète est fréquemment découvert quand il y a déjà des complications, regrette Régis Radermecker, médecin au sein du service de diabétologie du CHU de Liège et président de l'Association du diabète. Pourtant, son diagnostic est accessible et peu coûteux puisqu’il suffit de mesurer la glycémie sur une prise de sang. Mais certaines personnes ne vont pas régulièrement chez le médecin et ne font pas de bilan de santé. D’autre part, les médecins eux-mêmes ne s’attellent pas toujours à demander la glycémie Ou la demandent, mais ne font pas attention aux résultats..."
Afin de sensibiliser la population, l’association du diabète propose un questionnaire gratuit et en ligne pour mesurer son score de risque. "Si vous vous rendez compte que vous êtes à risque, vous pourrez alors consulter votre médecin pour une prise de sang. En diagnostiquant tôt, il est non seulement possible d’améliorer la durée de vie, mais aussi la qualité de vie", insiste le spécialiste.
Le diabète de type 2 est essentiellement influencé par le mode de vie : en adoptant quelques bonnes habitudes au quotidien, il est possible de prévenir ou de retarder l’apparition de la maladie. "En premier lieu, il faut privilégier l’activité physique, ce qui ne veut pas nécessairement dire s’abonner à une salle de sport, précise Régis Radermecker. Cela commence par descendre à un arrêt de bus ou de tram plus tôt pour faire le reste du chemin à pied, à prendre les escaliers plutôt que les ascenseurs..." Une augmentation même légère de la fréquence et de l'intensité de l'activité physique a un effet positif sur la santé : chaque pas compte !
Le diabète de type 2 peut être asymptomatique pendant de longues années. Mais certains signaux d’alerte indiquent probablement un diabète déjà installé et doivent vous pousser à consulter au plus vite :
● envie fréquente d'uriner et soif excessive
● perte de poids importante et inexpliquée
● fatigue, manque d'énergie
● manque d'intérêt et de concentration
● vomissements et maux d’estomac
● picotements, engourdissements ou sensation d'insensibilité dans les mains ou les pieds
● vision floue
● infections fréquentes
● guérison lente des plaies
Un autre pilier de la prévention du diabète repose sur une alimentation équilibrée, qui exclut au maximum les produits transformés. "Les plats préparés sont extrêmement délétères.. Il faut essayer de cuisiner soi-même, ce qui ne coûte pas nécessairement plus cher", encourage le spécialiste. Nocifs pour la santé, les produits de l’industrie agroalimentaire sont souvent aussi peu rassasiants et hautement addictifs : ils sont conçus dans ce but ! C’est notamment le cas des aliments à la fois gras et sucrés (pâtes à tartiner, barres chocolatées...). Ces aliments – dits "palatables" – présentent un ensemble de textures et de saveurs qui stimulent la sécrétion de dopamine, déréglant à terme notre système de récompense et poussant à la compulsion alimentaire.
"On croit encore que 'parce qu’on n’est pas très sucré', on n’est pas à risque de diabète. Mais la maladie est surtout liée à la consommation de graisses d’origine animale", rappelle le spécialiste, démontant au passage quelques fausses croyances. Autre piège à éviter : le pain blanc et les pâtes blanches – deux aliments fréquemment intégrés à l’alimentation quotidienne pour leur faible coût et leur simplicité d’usage – contiennent de très grandes quantités de sucre. "Il ne faut rien s’interdire, tempère Régis Radermecker. Culpabiliser n’est jamais bon ! Mais si on ne peut pas se passer de manger des pâtes tous les jours, alors il faut diviser les portions par deux."
Une fois que le diabète a été diagnostiqué, il est essentiel de se faire suivre régulièrement, en faisant au minimum un bilan annuel. Une mauvaise prise en charge accroît le risque de problèmes de santé aigus liés à l’hyperglycémie (fatigue, irritabilité, mictions fréquentes, soif intense, mycoses, troubles de la vision... ). À terme, l’hyperglycémie accroît par ailleurs le risque de maladies cardiovasculaires, d’atteintes des nerfs, de perte de la vue ou encore d’insuffisance rénale. À côté de la prise en charge médicale, ce sont les bonnes habitudes au quotidien qui, ici aussi, feront la différence dans l’évolution de la maladie. "L’hygiène de vie est le meilleur traitement du diabète", résume Régis Radermecker.
Comme le rappelle la, MC dans sa dernière étude "Fixer des objectifs pour une meilleure couverture des besoins en soins de santé", le vieillissement de la population et l’augmentation des maladies chroniques nécessitent une transformation du système de soins de santé. Pour faire face à ces défis, il est aujourd’hui nécessaire d’identifier ses insuffisances et de les corriger. Grâce à l’analyse scientifique, la participation collective et l’évaluation, il est possible d’aller vers une meilleure utilisation des soins et de générer ainsi des gains de santé pour tous. Les priorités stratégiques des politiques de santé devraient ainsi être déterminées sous forme d’objectifs "SMART" (Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes, Temporellement définis) afin d’élaborer des programmes d’action et de mesurer leurs effets à moyen et long terme. L’étude examine en particulier le cas du diabète et des maladies cardiovasculaires chez les femmes, deux pathologies dans lesquelles les besoins en soins sont encore insuffisamment couverts. Ainsi, dans le cas du diabète, l’étude de la MC rappelle que les personnes les plus défavorisées sont non seulement plus touchées par le diabète mais que leur prise en charge est souvent de moins bonne qualité, avec à la clé un risque accru de complications et plus d’impact négatif sur la qualité de vie.