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Les femmes, les travailleurs vulnérables et les pensionnés modestes seront les premières victimes de la réforme des pensions décidée par le gouvernement fédéral, dénonce Énéo, le mouvement social des aînés, dans une étude approfondie.
Publié le: 01 septembre 2025
Par: Joëlle Delvaux
3 min
Photo: (c)AdobeStock // D’un côté, l’âge de la pension légale recule, de l’autre, partir plus tôt sera sanctionné financièrement pour celles et ceux qui n’ont pas travaillé "suffisamment"...
Le 21 juillet dernier, le Conseil des ministres a conclu un premier accord sur la réforme des pensions. Cet accord doit encore être soumis aux interlocuteurs sociaux puis débattu et adopté au Parlement. Mais, dans les grandes lignes, les mesures reprennent celles annoncées dans l'accord gouvernemental : recul de l'âge de la pension légale, réduction de la prise en compte des périodes assimilées (1) dans le calcul de la pension, introduction d'un "bonus-malus" pour inciter les travailleurs à travailler au-delà de l'âge légal de la retraite…
Dans "L’Arizona et les pensions", Énéo s'inquiète du modèle de société que cette réforme dessine. Les mesures annoncées risquent d’affaiblir la portée du premier pilier de pension (sécurité sociale), en particulier pour celles et ceux qui ont une carrière hachée, s'inquiète le mouvement des aînés. La pension légale doit rester un outil de lutte contre la pauvreté et un levier de cohésion sociale. Il faut dès lors garantir des pensions légales suffisantes, indexées, et accessibles sans condition excessive.
Énéo dénonce aussi les pressions qui s'exerceront sur les travailleurs pour "justifier leurs futures pensions". D’un côté, l’âge de la pension légale recule, de l’autre, partir plus tôt sera sanctionné financièrement pour celles et ceux qui n’ont pas travaillé "suffisamment", tandis que les dispositifs de fin de carrière seront fortement limités. "Beaucoup de travailleurs seront dans une impasse : trop usés pour continuer à travailler après une longue carrière mais pas assez âgés pour partir à la pension. Les femmes et les travailleurs dans des métiers lourds seront particulièrement impactés", souligne Sylvie Dossin, secrétaire politique du mouvement. Les mesures annoncées qui "flexibilisent" toujours plus le marché du travail ne feront qu'ajouter de la précarité à la pression.
Sylvie Dossin, secrétaire politique d'Énéo
Depuis des années, la part des cotisations sociales dans le financement de la sécurité sociale ne cesse de diminuer, en raison des politiques menées (flexi-jobs, travail étudiant, avantages extra-légaux…). La décision récente de plafonner les cotisations patronales - qui profitera aux salaires les plus élevés - porte un nouveau coup dur aux recettes de la sécu. Pour Énéo, il faut, au contraire, mieux encadrer les exonérations de cotisations et élargir les sources de financement, notamment via une fiscalité plus juste. L’objectif : garantir une sécurité sociale robuste, capable de répondre aux besoins croissants liés à l’âge, à la santé ou aux parcours professionnels discontinus. On est loin du compte, regrette Sylvie Dossin, pointant les discours alarmistes sur une "sécu impayable" se multiplie dans une Europe qui impose comme règle budgétaire absolue la réduction des déficits publics. Énéo plaide pour une approche qui, au contraire, prenne en compte les bénéfices générés par les dépenses sociales. "Le développement de la protection sociale participe pleinement à la croissance économique et à la prospérité de notre pays".