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Garde à domicile : entre sécurité et soutien

Les gardes à domicile offrent une présence sécurisante et un soutien moral, qui permet de rester chez soi plus longtemps lorsque l'autonomie s'effrite… Découverte de ce service avec Deborah, garde à domicile au centre ASD du Brabant wallon. 

Publié le: 14 mai 2025

Mis à jour le: 14 mai 2025

Par: Barbara Delbrouck

7 min

Une vieille dame et une garde à domicile, posent en souriant, montrant le lien qui s'est tissé au fil du temps passé ensemble

Photo: © Adobestock / Un lien fort peut se tisser au fil des heures passées ensemble…

17h à Villers-la-Ville. Deborah arrive pour la soirée chez Viviane, une octogénaire souriante et pétillante. Sur le pas de la porte, elle croise l'infirmière venue faire les soins du soir. Deborah sert une grenadine à Viviane et s'installe à côté d'elle. Les deux femmes ont plaisir à se retrouver et papotent joyeusement. Viviane souffre de sclérose en plaques, une affection neurologique évolutive qui affecte entre autres sa mobilité. Elle est épaulée au quotidien par des infirmières, des aides ménagères et des aides familiales depuis déjà de nombreuses années. Mais récemment elle a fait quelques chutes. Alors depuis quelques mois, Deborah et ses quatre collègues viennent chacune à leur tour passer des soirées avec elle, pour vérifier que tout se passe bien et l'aider à se mettre au lit. 

"Je fais des efforts pour rester chez moi

Malgré sa maladie et ses 81 ans, Viviane reste dynamique et respire la joie de vivre. "Nous avons toujours su que ma maladie allait évoluer, donc mon mari a adapté toute la maison pour que je puisse y rester même lorsque je serai en chaise roulante, raconte Viviane, qui se déplace encore seule avec une tribune. Lorsqu'il est décédé, grâce aux aides à domicile, j'ai pu rester dans la maison qu'il a adapté et décoré pour moi." Viviane montre fièrement les nombreux cadres avec des croquis qu'elle a dessinés lorsqu'elle était professeure d'art plastique à Bruxelles. Une chaude lumière de fin de journée éclaire son salon cosy, où elle dort dans un lit médicalisé. "Je me sens tellement bien ici, partage-t-elle. Si je n'avais pas toute cette aide, j'aurais déjà dû aller en maison de repos depuis bien longtemps ! Ce dont je n'ai pas du tout envie… C'est pour ça que fais des efforts pour continuer à faire un maximum de choses moi-même et rester en forme ! Et puis je suis tellement bien entourée, je ne me sens jamais seule ! Je ressens beaucoup de gentillesse et de prévenance de la part des aides à domicile. Ce sont mes petits anges gardiens !" 

Sécurité et présence 

Le plus souvent, les gardes à domicile interviennent chez des personnes qui bénéficient déjà d'autres types d'aides tels qu'une aide-ménagère ou familiale, explique Sandrine Martinot, directrice "Aide à la vie journalière" à l'ASD du BW. C'est un travail d'équipe, coordonné par l'assistante sociale qui élabore un plan d'accompagnement de la personne sur base de la rencontre de la famille et de l'analyse de ses besoins. À la différence des aides familiales qui viennent pour des missions plus courtes et précises (courses, repas, rendez-vous médical, toilette..), les gardes à domicile viennent pour des périodes assez longues, pouvant aller de 3 heures à une journée ou nuit complète. "Nous sommes souvent appelées lorsqu'il y a une crainte au niveau de la sécurité, que ce soit des chutes ou un risque que la personne se blesse en voulant cuisiner par exemple ou qu'elle se lève pendant la nuit, raconte Deborah. On s’occupe majoritairement de personnes âgées en perte d'autonomie. Nous avons de plus en plus de cas d'Alzheimer, parfois précoces. On intervient alors souvent pour relayer le conjoint, qui a besoin de s'absenter ou de souffler. Mais nous allons aussi chez des personnes plus jeunes qui ont une maladie ou qui ont besoin de nous à la sortie d'une hospitalisation". 

Le temps de prendre le temps

"Comme on reste longtemps, on peut aller au rythme de la personne, confie Deborah, qui garde de mauvais souvenirs de son stage en maison de repos. Si la personne veut déjeuner avant de s'habiller, ça ne pose aucun souci ! "On réalise certaines missions similaires à celles de l'aide familiale comme aider à prendre le repas, les médicaments, à se mettre au lit… Mais à côté de ça on a vraiment le temps de papoter, de faire des petits jeux, le tour du jardin… et de développer l'aspect relationnel. C'est ce que j'adore dans mon métier. À part certains cas compliqués, les gens sont toujours contents quand on arrive chez eux. Il y a beaucoup de personnes seules pour qui nous sommes les seules visites ! Quand je rentre chez moi, je sens que j'ai été utile et que j'ai apporté de la joie, des sourires. C'est très enrichissant. J'ai à cœur de faire un maximum pour que les personnes puissent rester chez elles, dans leurs habitudes. On remarque qu'elles ont tendance à se laisser aller lorsqu'elles entrent en maison de repos…"

Besoin croissant, service en péril 

Avec les sorties d'hôpitaux précoces et le vieillissement de la population, le besoin d'aide à domicile s’accroit, souligne Fabian Genard, directeur du pôle "Aide à la vie journalière" de la Fédération des aides et soins à domicile (FASD). La majorité des gens ont envie de rester chez eux le plus longtemps possible... Mais ces services sont menacés par le sous-financement public, alerte-t-il. Depuis le Covid, les coûts de fonctionnement ont fortement augmenté, notamment à cause des indexations successives. Mais les subventions, elles, n’ont pas été revues à la hausse, contrairement à celles des maisons de repos. "Les gardes à domicile des ASD sont proposées à un tarif social, plus abordable pour la population. Mais celui-ci ne permet pas de couvrir tous les coûts, souligne Fabian Genard. Pour l'instant, la seule perspective de refinancement serait l'instauration de l'assurance autonomie." Mesure phare de la déclaration de politique régionale wallonne, celle-ci prévoirait une cotisation des citoyens à partir d'un certain âge. "Mais la mesure est encore floue et prévue pour la prochaine législature. Or, il y a urgence", déplore Sandrine Martinot, directrice à l'ASD du BW. "Les travailleurs de l'aide à domicile jouent un rôle crucial de prévention de la dégradation des situations de santé des personnes vulnérables", plaide Fabian Genard. Ne pas investir maintenant, c’est risquer une explosion des soins médicaux plus tard...

    Différents types d'aides à la vie journalière peuvent être mises en place : 

    • Aide-ménagère sociale : elle réalise les tâches ménagères, avec une attention à l'écoute et au soutien du bénéficiaire
    • Aide familiale : elle apporte une aide dans les actes du quotidien, tels que les courses, les repas, l'accompagnement à un rendez-vous médical, la toilette… Elle est habilitée à transporter la personne dans sa voiture.  
    • Garde à domicile (anciennement appelée garde-malade): elle vient au domicile pour des périodes plus longues (de 3h à une journée ou nuit), souvent lorsqu'il y a une crainte pour la sécurité de la personne. Elle peut réaliser les mêmes missions que l'aide familiale, sauf le transport, mais elle concentre surtout son attention sur la personne. 

    En complément, le passage d'une infirmière à domicile peut être organisé et coordonné, s'il y a une prescription médicale pour des soins (injections, soins de plaie, préparation des médicaments, mise de bas de contention…).

    Un travail d'équipe
    Les assistantes sociales coordonnent les équipes d'aides et leurs passages. Chaque mois, une réunion est organisée pour discuter de la personne et évaluer si des adaptations sont nécessaires.

    Tous les ASD pratiquent un tarif "social", qui se veut plus abordable pour la population. Les tarifs varient selon les revenus du ménage pour les aides familiales et selon les régions pour les deux autres métiers. Renseignez-vous auprès du centre ASD de votre région. 

    Si vous vous tournez vers d'autres services de garde à domicile, veillez à ce qu'ils soient reconnus et agréés par l'Aviq, ce qui est gage d'une formation de qualité et d’un engagement éthique.