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Les médicaments chers mettent le budget de l’assurance obligatoire sous pression

En 2019, à peine dix médicaments ont coûté ensemble à notre assurance soins de santé et indemnités environ 911 millions d'euros (chiffres MC extrapolés à l'ensemble de la population belge). Cela représente 17,3% du budget pharmaceutique total. C’est ce qui ressort d'une analyse des données de facturation des membres de la Mutualité chrétienne pour 2019. Et, depuis 2015, l’augmentation des dépenses nettes et un dépassement de l’objectif budgétaire pour les spécialités pharmaceutiques sont devenus systématiques.

« Cela nous inquiète beaucoup », déclare Elisabeth Degryse, Vice-Présidente de la Mutualité chrétienne. « De plus en plus de ces nouveaux médicaments coûteux arrivent sur le marché, ce qui met beaucoup de pression sur le budget de l'assurance soins de santé et indemnités. »

La MC a enquêté sur les médicaments qui sont à l’origine de l’augmentation des dépenses dans le budget de l'assurance soins de santé et indemnités. De plus en plus de médicaments ne peuvent être délivrés que par les pharmaciens hospitaliers aux patients ambulatoires (qui ne passent pas la nuit à l’hôpital), c’est le cas notamment des médicaments orphelins prescrits pour les maladies rares ou de nouveaux médicaments, souvent coûteux, contre, par exemple, le cancer ou l'inflammation chronique. Les coûts bruts de ces médicaments, délivrés par les pharmaciens hospitaliers aux patients ambulatoires, sont passés de 814 millions d'euros à 2,15 milliards d'euros entre 2010 et 2019, soit une croissance de 165%, sur un budget total brut des médicaments de 5,26 milliards d'euros . Ils sont donc la principale cause de l'augmentation des dépenses du budget pharmaceutique.

Nous avons sélectionné dans ce secteur les dix médicaments les plus chers pour l'assurance soins de santé et indemnités. Ces dix à eux seuls représentaient un montant total brut de 911 millions d'euros en 2019 (chiffres MC extrapolés à la population totale). Le médicament qui a le plus d'impact sur le budget est le médicament anticancéreux pembrolizumab. Le médicament coûte en moyenne 53 430 € par patient et par an. Rien qu’à la MC, il y a 1 575 patients qui bénéficient de ce médicament. Sur les dix médicaments, le daratumubab, également un anticancéreux, a le coût annuel moyen par patient le plus élevé avec 70 729 €. Au total, 438 membres MC ont reçu ce médicament en 2019.

Certains médicaments sont encore plus chers par patient, mais ne figurent pas parmi les dix premiers car peu de patients sont traités avec ces médicaments. Par exemple, pour la galsulfase, un médicament utilisé dans les maladies métaboliques rares, le coût annuel moyen brut par patient atteint les 632 180 €.

Heureusement, le coût n'est pas trop lourd pour le patient, puisqu'une grande partie de ces médicaments coûteux sont intégralement remboursés par l'assurance obligatoire. Mais l'évolution n'en est pas moins troublante. Une étude récente du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) montre qu'une grande partie des médicaments anticancéreux étudiés sont remboursés sans que les bénéfices réels pour le patient soient suffisamment prouvés. A titre d’exemple, ces médicaments promettent souvent de prolonger la survie du patient ou d'améliorer sa qualité de vie, sans en fournir la preuve.

Par ailleurs, de plus en plus de nouveaux médicaments sont remboursés par le biais de contrats confidentiels entre le ministre fédéral de la Santé et les sociétés pharmaceutiques. La part de ces médicaments sous contrat délivrés aux patients ambulatoires par un pharmacien hospitalier ne cesse d’augmenter : elle a atteint 61% à la MC en 2019. 8 des 10 médicaments les plus chers délivrés par le pharmacien hospitalier sont remboursés temporairement par le biais d’un contrat confidentiel. De ce fait, les dépenses liées à ces molécules ne correspondent pas au coût réel pour l’Assurance obligatoire, une partie des dépenses étant restituée en fonction de l’accord confidentiel.

« Le manque de transparence rend difficile l’évaluation de l’efficacité de ces médicaments au regard de leurs coûts », poursuit Elisabeth Degryse, Vice-Présidente de la MC. « Bien sûr, nous sommes favorables à l'innovation, mais à condition que les nouveaux médicaments offrent une réelle valeur ajoutée aux patients . Aujourd'hui, il y a trop peu de transparence à ce sujet. On ignore souvent quel est le véritable coût de ces médicaments et la valeur ajoutée reste incertaine. Or sans garantie de plus-value clinique, cela revient à dire que le secteur pharmaceutique vend de l’espoir au prix d’or ! On est en droit de se demander si les ressources de l'assurance soins de santé et indemnités sont utilisées efficacement. »

Annexe

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Manuel Di Pietrantonio, Collaborateur relations presse, 04 71 55 55 94