
Incapacité de travail
Chaleur, lumière, activités en plein air… L’été nous invite à bouger, mais il met aussi notre corps à rude épreuve. Quelques réflexes simples permettent d’éviter le coup de chaud.
Publié le: 23 mai 2025
Par: Sandrine Cosentino
6 min
Photo: ©AdobeStock
L'humain est un être à sang chaud : il maintient sa température autour de 37°C, même quand il fait très chaud ou très froid. Pour y parvenir, il dispose d’un véritable système de régulation, comparable à celui d’une voiture. Le cerveau en est le conducteur. Il contrôle et analyse en permanence les informations liées à la température pour activer au moment adéquat les mécanismes spécifiques à l'autorégulation. Le moteur — le corps — vise à maintenir sa vitesse de croisière constante à 37°C. Et le carburant, ce sont les nutriments que nous mangeons, l’eau que nous buvons et l’oxygène que nous respirons. Mais que se passe-t-il quand le moteur surchauffe et que le conducteur ne parvient plus à le refroidir ? C’est là que le coup de chaleur peut survenir. Des gestes de prévention, recommandés
notamment par la Croix-Rouge de Belgique, permettent de mieux supporter la chaleur sans renoncer aux plaisirs de l’été.
Consulter la météo avant de prévoir une activité est toujours un bon réflexe, surtout pendant la saison estivale. Mieux vaut éviter les exercices intenses entre 12h et 16h, les heures les plus chaudes de la journée. Les alertes canicules diffusées par les autorités ne doivent pas être prises à la légère.
Revêtir une tenue adaptée — ample, légère, claire — revient à ouvrir les fenêtres ou activer la ventilation dans la voiture : l'air circule et la chaleur s'évacue. Casquette ou chapeau, lunettes de soleil et crème solaire sont autant d'accessoires indispensables pour profiter du beau temps sans danger.
Fatigue inhabituelle, vertiges, crampes, rougeurs, nausée ou maux de tête sont autant de signaux d’alerte qu'il ne faut pas ignorer (voir encadré). Les groupes à risque tels que les enfants en bas âge, les personnes âgées ou souffrant d'une maladie chronique et les femmes enceintes doivent redoubler de vigilance dès que le thermomètre grimpe !
Attendre d'avoir soif équivaut à attendre que le voyant rouge du tableau de bord s'affole pour faire le plein. La sensation de soif indique que le corps a déjà commencé à se déshydrater. Mieux vaut anticiper et boire régulièrement de l'eau à petites gorgées, même sans soif.
Mais attention : toutes les boissons ne se valent pas. Certaines peuvent même aggraver la déshydratation. L’alcool agit comme un faux allié : il procure une sensation de fraîcheur, mais il est diurétique et déshydrate. Il perturbe alors la régulation de la température corporelle et altère la perception des signaux d’alerte. Le café aussi peut tromper car il favorise la perte d'eau. Les sodas ou les jus très sucrés sont mal absorbés par l'organisme et peuvent accentuer la sensation de soif. Par contre, en cas d’effort prolongé, une boisson légèrement sucrée et salée peut aider à compenser les pertes en minéraux.
Bouger, quelle que soit l'activité, fait grimper la température corporelle. Heureusement, notre corps peut compter sur son système de refroidissement naturel : la transpiration. Mais ce mécanisme d’évacuation a ses limites, notamment en cas de fortes chaleurs...ou d’humidité très élevée. L’humidité ne rafraichit pas, au contraire, elle empêche la sueur de s’évaporer. C’est comme essayer de faire sécher une serviette dans une salle de bain pleine de vapeur : elle reste mouillée. Se rafraîchir avec un brumisateur peut aider à faire baisser la température corporelle, à condition d’y associer un courant d’air (naturel ou mécanique comme un éventail) afin de favoriser l'évaporation.
Dans la mesure du possible, il vaut mieux privilégier l'ombre pour s'activer. Par ailleurs, les pauses dans des zones ombragées sont très efficaces pour permettre au système interne de se refroidir.
Une performance sera toujours moins bonne quand les conditions climatiques sont plus extrêmes. Le corps a besoin de plus de ressources pour se refroidir. Il est alors indispensable d'adapter l'intensité de l'effort, de ralentir le rythme et de s'octroyer des pauses régulières. Tant pis pour le chronomètre !
Illustration: ©PAF!
Rester à domicile peut être un moyen d'éviter la canicule. Pensez à aérer les pièces tôt le matin ou la nuit, puis à garder les volets et fenêtres fermées pendant la journée pour préserver la fraîcheur.
Même à l'intérieur, il reste essentiel de s'hydrater régulièrement, d'adapter son activité, de se rafraichir (linges humides, douche tiède…) et de limiter l’utilisation d’appareils électroménagers qui chauffent l’air ambiant (plaques, four, sèche-linge…). Des repas plus légers et riches en aliments hydratant (fruits, légumes, crudités…) seront particulièrement bienvenus.
S'il n'est pas pris en charge rapidement, le coup de chaleur peut entrainer des complications graves et engager le pronostic vital. Il existe deux formes de coup de chaleur :
À ne pas confondre avec l’insolation, causée par une exposition directe et prolongée au soleil, notamment sur la tête et la nuque. Elle provoque principalement des maux de tête, des nausées, de la somnolence et peut survenir sans effort physique. Elle reste souvent bénigne mais nécessite malgré tout une vigilance particulière.
Tous les signes ne sont pas nécessairement présents. Il est donc essentiel de rester attentif au moindre malaise, surtout chez les personnes âgées, les bébés, les enfants en bas âge, les femmes enceintes, les personnes souffrant d’une maladie chronique, isolées ou sans abri.
Signes d'alerte :
• Crampes musculaires, rougeurs au visage, vertiges, mal de tête, vision trouble.
Symptômes aggravants :
• Température corporelle supérieure à 39°C,
• soif intense,
• forte accélération de la fréquence cardiaque,
• confusion mentale, agressivité ou somnolence anormale,
• nausées, vomissements,
• absence de transpiration sur une peau chaude, sèche, rouge et secouée de frissons.
• Mettre la personne à l’ombre ou au frais, en position allongée.
• Enlever les vêtements superflus, rafraîchir avec un linge humide ou un brumisateur, ventiler.
• Si elle est consciente, lui faire boire de l’eau fraiche ou une boisson légèrement sucrée.
• Même si la personne récupère vite, consulter un médecin.
• Appeler le 112 en cas de perte de connaissance, si les signes sont graves ou ne s’améliorent pas rapidement.
• Attendre que la situation s’aggrave.
• Donner des médicaments sans avis médical.
• Plonger la personne dans de l’eau glacée (risque de choc thermique).
• Forcer à boire en cas de confusion ou de perte de conscience.