Emploi
La vague de désinformation qui a déferlé sur l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle à l’école (Evras) s’est heureusement apaisée. Lorsque des craintes ou des questions subsistent, de nombreux outils permettent aujourd’hui aux parents de s’informer.
Publié le: 28 octobre 2025
Par: Valentine De Muylder
4 min
"L’Evras constitue un enseignement neutre, où les informations sont communiquées de manière objective, critique et pluraliste, sans but d’endoctrinement", tranchait la Cour constitutionnelle le 15 mai 2025. Pour rappel, l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle était déjà proposée dans de nombreuses écoles depuis des décennies. Mais en 2023, l’adoption d’un accord de coopération entre la Région wallonne, la Cocof et la Fédération Wallonie-Bruxelles rendant obligatoires au minimum deux séances, une en 6ème primaire et une en 4ème secondaire, avait suscité une vive polémique. En cause, une vague de désinformation provenant principalement d’organisations religieuses ou d’extrême droite, ainsi que de milieux complotistes (1).
"Les parents ont eu accès à de fausses informations", se souvient Logan Paisse, assistant social et sexologue clinicien au centre de planning familial "Le 37", à Liège. "Il y a aussi eu des ‘bugs’ dans la communication. Le guide d’animation, en particulier, aurait dû rester entre les mains des professionnels auxquels il est destiné, car il utilise un langage scientifique et n’est pas conçu pour les parents". En tant qu’animateur Evras, il a notamment participé, à l’époque, à un webinaire organisé par la Ligue des familles dans le but de rassurer une centaine de parents soucieux.
Cour constitutionnelle, 15 mai 2025
Depuis peu, les esprits semblent s’être apaisés. Petit coup de sonde dans un autre centre, également affilié à la Fédération des centres de planning et de consultation (FCPF) : "La Bulle", à Charleroi. "Depuis la reprise des animations à la rentrée, nous n’avons plus eu d’échos directs de craintes exprimées par les parents, constate sa responsable Sarah Soens. Ce qui nous revenait l’année dernière, suite à des rumeurs sur les réseaux sociaux, c’était que nous allions parler de sexualité à de jeunes enfants, ou influencer leur orientation sexuelle, or ce n’est pas le cas".
Pour démentir ces croyances, les différentes fédérations de centres de planning familial ont déployé d’importants efforts. Un exemple ? La brochure "Votre enfant participe à une séance d’Evras ?", dans laquelle on peut lire qu’en fonction de l’âge et du niveau de développement des enfants, on aborde plutôt la vie relationnelle (émotions, amitié, limites…), puis affective (amour, consentement…). Et que contrairement à ce qui se faisait dans les années 80, le contenu des animations n’est pas fixé à l’avance, afin de partir des questions que se posent les élèves.
"Nous partons de leur savoir, sans précéder leurs questions, confirme Logan Paisse. On ne va pas parler d’un sujet que les enfants n’évoquent pas d’eux-mêmes, ou alors de façon globale, pour lutter contre les discriminations, prôner la tolérance et un rapport apaisé à soi-même".
"Même si elles sont exprimées moins frontalement, moins publiquement, je pense que des inquiétudes subsistent, poursuit-il. Peu de parents osent venir vers nous. Mais on sent que les directions d’école, que notre centre rencontre toujours avant les animations, continuent à craindre leurs réactions". Et de rassurer : "C’est légitime en tant que parent de se poser des questions. Le tout est de rester ouvert et de s’informer !”
(1) Voir la cartographie du réseau anti-Evras sur le site rtbf.be/info. En septembre 2023, des écoles avaient par ailleurs été vandalisées à Charleroi et à Liège
Comme les centres PMS et PSE, qui se chargent également des animations Evras, les centres de planning familial sont là pour répondre aux questions et demandes de conseils de parents. Retrouvez tous les plannings de Bruxelles et de Wallonie sur monplanningfamilial.be
Logan Paisse, planning familial "Le 37"