Précarité menstruelle : briser le tabou
En Belgique, environ 350.000 femmes vivent sous le seuil de pauvreté. Au quotidien, elles doivent souvent choisir entre se nourrir (elles et leur famille), se chauffer, payer le loyer, se déplacer… et acheter des protections menstruelles. C’est ce qu’on appelle la précarité menstruelle. Des associations collectent et distribuent des protections menstruelles gratuites pour les aider.

Qu'est-ce que la précarité menstruelle ?
La précarité menstruelle, c’est avant tout ne pas avoir la possibilité d’acheter des protections menstruelles chaque mois au moment des règles.
C’est aussi ne pas bien connaître les différents moyens de protections, ne pas avoir accès à l’information, à des sanitaires, ou à des soins adaptés et de qualité. On parle aussi d’inégalités entre hommes et femmes, d’isolement, de troubles de la santé mentale, de stigmatisation à l’égard de ces personnes menstruées.
Selon la Croix-Rouge, un cycle menstruel coûte entre 7,50 € et 10 € par mois. Une personne en âge d’avoir des règles (entre 13 et 51 ans) aura environ 500 cycles menstruels et devra donc payer ses protections menstruelles durant 38 ans !
Qui est concerné par la précarité menstruelle ?
On estime que 20% des personnes menstruées en Wallonie et 30% à Bruxelles sont en situation de précarité menstruelle.
Cela peut concerner des femmes élevant seules leurs enfants, vivant dans des logements précaires et n’ayant pas accès à des sanitaires avec une hygiène suffisante, sans abri, mais aussi des adolescentes ou des étudiantes, ou encore des femmes en prison par exemple.
Quelques conséquences de la précarité menstruelle
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Impact sur la santé
Les personnes menstruées qui n’ont pas les moyens d’acheter des protections menstruelles ou d’avoir une hygiène suffisante ont plus de risques d’avoir des infections (voir Le syndrome de choc toxique). Certaines sont obligées d’utiliser plus longtemps leur protection, utilisent des protections de récupération, du papier WC ou utilisent des couches de leur bébé.
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Décrochage scolaire
Des adolescentes et des jeunes femmes peuvent renoncer à assister à leurs cours par crainte de fuites ou de taches durant leurs règles, ou encore de moqueries de la part de leurs condisciples.
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Exclusion sociale, isolement
Les personnes menstruées hésitent à sortir de chez elles durant leurs règles, s’isolent, ne vont plus travailler. Il y a aussi un risque de stigmatisation, de baisse de l’estime de soi, le regard des autres est souvent difficile à affronter.
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Dépression, stress, anxiété
La charge mentale continue et l’isolement (durant les règles mais de manière plus globale dans toute la vie des femmes en état de pauvreté) peuvent entraîner des troubles de la santé mentale.
On le voit, cette charge mentale et financière pèse lourd sur les épaules des personnes menstruées. Les choses bougent un peu ces dernières années : sous la pression d’associations, en 2017, la “taxe tampon” est entrée en vigueur. La TVA sur les protections menstruelles est passée de 21 % à 6 % en Belgique. C’est une avancée, mais cela reste insuffisant.
Le syndrome du choc toxique
Le syndrome du choc toxique est une infection rare mais pouvant être très grave. Elle est causée par une bactérie qui peut se développer lorsqu’une personne ne change pas sa protection menstruelle interne (tampon, cup) toutes les 4h à 6h.
Les premiers signes à surveiller sont :
- une forte fièvre (plus de 39 degrés) ;
- des douleurs musculaires ;
- des maux de gorge ;
- des vomissements ;
- une diarrhée ;
- des plaques rouges sur le corps ressemblant à un coup de soleil.
Si vous avez vos règles et plusieurs de ces signes, enlevez votre protection interne et allez aux urgences ou appelez le 112.
Des protections menstruelles gratuites ou moins chères ?
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Bruzelle
Bruzelle est une association qui lutte activement contre la précarité menstruelle et les tabous autour des règles à Bruxelles et en Wallonie.
Elle collecte des protections menstruelles en disposant des boîtes de collecte auprès d’associations ou d’entreprises. Elle les redistribue ensuite aux personnes menstruées en situation de précarité, peu importe leur condition, leur nationalité, leur orientation sexuelle ou religieuse. La redistribution se fait avec l’aide de partenaires de terrain tels que des établissements scolaires et parascolaires, hautes-écoles et universités, des centres d’aide sociale, des centres de jour et de nuit, des refuges, des banques alimentaires, des maisons maternelles, des épiceries sociales, des prisons ainsi qu’avec des ONG qui organisent des maraudes et travaillent à l’accueil des réfugié·e·s et dans les squats.
Les produits menstruels sont distribués dans des trousses en tissus confectionnées par des bénévoles. -
La Croix-Rouge de Belgique
La Croix-Rouge de Belgique a mis en place différentes initiatives comme la mise à disposition de protections gratuites dans certaines de ses entités locales ; la distribution de kits d’hygiène lors de tournées en rue auprès de personnes sans-abri ; la vente de protections à moitié prix dans des épiceries sociales, qui accueillent chaque année 25.000 personnes en difficulté financière renseignées par le CPAS ou d’autres partenaires sociaux.
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Les Centres de Planning Familial
Les Centres de Planning Familial proposent souvent gratuitement des tampons et serviettes dans leurs salles d’attente.
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Les écoles
Certaines écoles mettent aussi des distributeurs de tampons ou de serviettes dans les toilettes, en toute discrétion. Cela peut d’ailleurs être bien utile à toutes les jeunes filles en cas d’urgence.
Précarité menstruelle et protections réutilisables plus écologiques ?
Les protections menstruelles jetables produisent une quantité significative de déchets. Les protections réutilisables comme les culottes menstruelles ou la coupe menstruelle permettent de réduire l’impact environnemental. Elles contiennent aussi moins de produits chimiques comme des agents blanchissants, des parfums ou des plastiques qui peuvent provoquer des irritations, des réactions allergiques ou un déséquilibre de la flore intime.
Ces moyens de protections plus écologiques nécessitent toutefois de bonnes conditions sanitaires et d’hygiène, un accès à l’eau dans le cas de la coupe menstruelle. Les culottes menstruelles sont souvent plus chères à l’achat.
Les personnes en situation de précarité menstruelle et les associations qui les accompagnent n’ont donc souvent pas d’autre choix que les protections menstruelles jetables !

Règles : cycles menstruels et protections hygiéniques
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