
Soins de santé
Face aux premiers signes de troubles de l’apprentissage chez leur enfant, les parents ont la tête pleine de questions. Quelques repères pour mieux comprendre et trouver du soutien.
Publié le: 26 août 2025
Par: Valentine De Muylder
7 min
Votre enfant rencontre des difficultés pour apprendre à lire, écrire, calculer, parler ou encore manipuler des objets? Malgré ses efforts, certaines tâches spécifiques ne semblent pas s’automatiser? Si ces difficultés sont persistantes et perturbent son quotidien ou sa scolarité, il peut s’agir d’un ou plusieurs troubles de l’apprentissage, qu’on appelle aussi troubles "dys":
Contrairement aux difficultés passagères, liées à des facteurs externes, ces troubles ont une origine neurologique. Il n’est pas rare qu’un enfant présente plusieurs troubles associés, comme la dyslexie et la dysorthographie.
Hélène de Strycker, APEDA
"Très souvent, c’est l’école qui tire la sonnette d’alarme", constate Hélène de Strycker, présidente de l’Association belge pour les personnes en difficulté d'apprentissage (Apeda). Il est essentiel, en tout cas, de faire le point avec l’enseignant, bien placé pour observer l’enfant dans ses apprentissages.
Si les difficultés repérées perdurent, un bilan pluridisciplinaire permettra d’établir un diagnostic précis et de mettre en place un accompagnement adapté. Différents professionnels interviennent dans cette prise en charge. Le médecin — généralement un neuropédiatre — joue en quelque sorte le rôle de chef d’orchestre. C’est lui qui prescrit les bilans, pose le diagnostic et prescrit ensuite l'accompagnement. En fonction des troubles, différents paramédicaux peuvent assurer cet accompagnement : logopède, ergothérapeute, neuropsychologue... Des aménagements raisonnables peuvent également être mis en place à l’école.
"Le chemin est parfois chaotique, regrette la présidente de l’Apeda. Parce qu’en tant que parent, on est tout à fait novice." Comprendre les difficultés de son enfant, les accepter et trouver les bonnes portes auxquelles frapper sont autant de défis à relever. Heureusement, des ressources existent pour trouver du soutien.
Sur son blog santé, la MC propose plusieurs ressources sur les troubles de l’apprentissage, ainsi que sur le TDAH et le haut potentiel (HP), qui peuvent aussi avoir un impact sur les apprentissages. De plus, la brochure "Découvrons nos dys-férences" explique clairement les étapes de la prise en charge, depuis les premiers signes jusqu’au traitement, et fournit toutes les infos pratiques sur les soins et leurs remboursements.
Pour éviter un "effet boule de neige" (retard scolaire, perte de confiance en soi…), l’idéal est de mettre les choses en route dès que possible : généralement en deuxième primaire pour les troubles de l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul. "Toutefois, il faut que le temps d’apprentissage ait été suffisant et que l’enfant ait pu s’imprégner du rythme scolaire, précise Trecy Martinez Perez, logopède à la Clinique psychologique et logopédique de l’Université de Liège (CPLU). Réaliser un bilan logopédique avant le mois de mars de la première primaire, par exemple, n’a pas de sens."
"Pour avoir un diagnostic, il faut souvent compter une année scolaire", avertit Geoffroy d’Aspremont, directeur de l’Apeda. Un délai qui peut sembler long lorsqu’un enfant rencontre des difficultés au quotidien. Pour gagner un peu de temps, l’association recommande aux parents de prendre rendez-vous chez un neuropédiatre (dont les agendas sont très chargés) et, en attendant ce rendez-vous, de se tourner vers leur pédiatre ou médecin traitant qui pourra prescrire un bilan. Ainsi, le ou la neuropédiatre disposera déjà d’un bilan sur lequel se baser.
Aux parents réticents à évoquer les troubles de leur enfant avec l’école, de peur qu’on lui colle une étiquette, Hélène de Strycker répond : "De toute façon, les enseignants risquent de le faire. Autant que ce soit la bonne ! Mieux vaut être qualifié de dyslexique ou de dyspraxique que de paresseux ou de brouillon."
"Le diagnostic peut être salvateur pour la confiance en soi, rassure-t-elle. L’enfant ou l’adolescent va enfin comprendre pourquoi il se sent différent des autres. Il sera soulagé de savoir qu’il peut être aidé." Et de rappeler que l’estime de soi d’un enfant dépend de toutes les personnes proches de lui, à l’école comme à la maison. "Féliciter son enfant lorsqu’il accomplit quelque chose de positif, c’est vraiment important. Plus tôt il développe sa confiance en lui, mieux il sera armé pour l’avenir."
"L’enfant qui présente des troubles de l’apprentissage a besoin d’être davantage suivi sur le plan scolaire, affirme Geoffroy d’Aspremont. La bienveillance et la présence des parents sont primordiales. Pour cela, ils doivent avoir confiance en eux et en leur jugement. Personne ne connaît mieux leur enfant qu’eux."
"Le parent est un partenaire essentiel dans le traitement logopédique, confirme Trecy Martinez Perez. Il a l’expérience du quotidien. Il voit son enfant face à ses devoirs, peut repérer les difficultés et retravailler certaines notions avec lui." L’idée n’est pas de mettre la pression sur les parents, insiste-t-elle : "Je suis moi-même maman et je sais à quel point c’est compliqué d’être disponible. Les parents ne doivent pas hésiter à poser des questions au professionnel qui accompagne leur enfant, à demander d’observer une séance ou des conseils pour savoir comment s’impliquer au mieux."
En partenariat avec l’Apeda, la MC organise des ateliers à destination des parents de septembre à décembre 2025. Objectif ? Outiller les parents pour accompagner au mieux les devoirs de leurs enfants. Découvrez ici la date de l’atelier le plus proche de chez vous.
Bon à savoir : l’Apeda propose une permanence téléphonique pour répondre aux questions des parents, enseignants et thérapeutes. Infos : apeda.be
Hélène de Strycker, APEDA
Trecy Martinez Perez, logopède (ULiège)
Un trouble de l’apprentissage subsistera toujours "en toile de fond". Mais chaque enfant a cette capacité d’améliorer ses compétences et de continuer à apprendre, observe la logopède. "On ne sait pas à l’avance à quelle vitesse l’enfant progressera et jusqu’où il ira. On ne le verra qu’en cheminant ensemble. Cette part d’incertitude, qui fait partie de la vie de parent, est encore plus grande quand on a un enfant avec un trouble de l’apprentissage."
"Quand mon fils a été diagnostiqué dyspraxique, à 5 ans et demi, le monde s’est écroulé, se souvient Hélène de Strycker. Mais la pédiatre m’a rassurée : 'Vous voyez les portes qui se ferment pour votre enfant, mais ce n’est pas vers elles qu’il se dirigera. Regardez plutôt celles qui restent grandes ouvertes, c’est là qu’il trouvera sa voie'. Et elle avait raison. Aujourd’hui, il a 21 ans, il étudie l’informatique (du fait de sa dyspraxie, il est sur les ordinateurs depuis sa 4e primaire !) et il va bien."
"Mon fils de 12 ans est dyslexique et dysorthographique. En début de primaire, j’ai assez vite repéré chez lui des difficultés qui me rappelaient celles de ma sœur dyslexique. Quand il lisait et écrivait, il inversait des lettres ou sautait des mots. Mais pour ses premières institutrices, tout allait bien. On nous disait que c’était juste une question de concentration ou de volonté. Alors on ne se sentait pas légitimes de consulter et on a attendu. Entretemps, mon fils perdait confiance dans sa capacité d’apprendre et son rejet de certaines matières – en l’occurrence le français – augmentait.
Le diagnostic de dyslexie et dysorthographie a finalement été posé en fin de 3e primaire. Dès la 4e et pendant trois ans, il a suivi des séances de logopédie une fois par semaine. À l’école, il a bénéficié de certains aménagements raisonnables. Par exemple, on lui lisait oralement les consignes des exercices, ou il pouvait utiliser un ordinateur… Les devoirs sont compliqués parce qu’un exercice qui devrait durer dix minutes lui prend une heure. En tant que parent, ça demande une grande implication. Mais tout ce qui a été mis en place l’a bien aidé, et il a réussi son CEB sans problème…"
Pour aller plus loin, relisez nos articles : Ces enfants qui n’apprennent pas comme les autres, Ecole : des aménagements pour favoriser les apprentissages et Logopédie chez l’enfant : le remboursement en 5 étapes