
Incapacité de travail
L’idée de manger des insectes, malgré l’atout écologique de cette source de protéines durable, peut rebuter. Mais leur consommation est sûre, réglementée et transparente.
Publié le: 11 avril 2025
Par: Florence Marot
3 min
Photo : ©AdobeStock // Pour pouvoir être commercialisés, les insectes et leurs dérivés sont soumis à des conditions strictes de sécurité.
Alphitobius diaperinus, Locusta migratoria, Acheta domesticus... Derrière ces noms scientifiques se cachent de petits insectes : ténébrion mat, criquet migrateur et grillon domestique. Tous sont autorisés sur le marché européen comme ingrédients alimentaires. Récemment, la Commission européenne a encore approuvé l’utilisation de poudre de larves de Tenebrio molitor (vers de farine) traitées aux UV dans des produits comme le pain, les pâtes, les biscuits ou encore les pâtisseries. Cette décision a suscité une vague d’inquiétudes sur les réseaux sociaux : les insectes se retrouveront-ils bientôt dans tous nos produits alimentaires ? Cachés aux consommateurs ou dissimulés sous leur nom latin dans les listes d’ingrédients ? Sont-ils sans risque pour la santé ? Si ces craintes ont surtout circulé, à grand renfort d’émojis en colère dans les sphères conspirationnistes et anti-Europe, on vous rassure : la réalité est bien moins effrayante.
En Belgique, les produits à base d’insectes sont arrivés sur le marché dès 2014. S’il est vrai que ces ingrédients peu communs peuvent se retrouver dans de nombreuses catégories d’aliments, il est faux de (faire) croire qu’ils seraient "cachés" aux consommateurs. Pour pouvoir être commercialisés, les insectes et leurs dérivés sont soumis à des conditions strictes de sécurité. Avant toute autorisation, ils font l’objet d’une analyse rigoureuse de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Ses évaluations sont disponibles en libre accès. À ce jour, "le seul risque connu est celui des allergies", explique Rudy Caparros Megido, spécialiste en entomologie évolutive et fonctionnelle à l’Université de Liège. Les insectes sont en effet de proches parents des acariens, mollusques et crustacés.
En mangera-t-on un jour à notre insu ? C’est hautement improbable. La législation prévoit des critères sévères en matière d’étiquetage. Les noms latin et usuel de l’insecte utilisé doivent clairement figurer sur l’emballage, assure le SPF Santé publique. Par exemple, pour la farine de grillons dégraissés, les producteurs sont tenus d’indiquer : "poudre d’Acheta domesticus (grillon domestique) partiellement dégraissés". De plus, ils doivent mentionner le risque d’allergies.
Dans les faits, le marché est restreint. Bien qu’ils soient déjà consommés dans d’autres parties du monde comme en Asie ou en Afrique, les insectes ouvrent peu l’appétit en Occident. Dégoût, a priori, craintes de maladies… Les freins sont tenaces et la demande peine à décoller. "À l’heure actuelle, ces produits restent donc extrêmement chers en raison de leurs coûts de production", ajoute Rudy Caparros Megido. Selon lui, l’acceptation des insectes comme ingrédient alimentaire prendra encore au moins dix ans…
Selon les scientifiques, les insectes constituent une source de protéines comparable à la viande. Leur production émet également moins de CO2. "Autre avantage majeur : ils recyclent les matières organiques", souligne Matthias Gosselin, enseignant-chercheur à la Haute école provinciale de Hainaut-Condorcet. Les insectes peuvent en effet se nourrir de déchets alimentaires, de compost ou de lisier qu’ils transforment en protéines pour l’alimentation animale ou humaine. À ce titre, ils représentent une solution possible pour la transition vers un système alimentaire durable.