Apnée du sommeil : quand dormir épuise
Se réveiller fatigué après une "bonne" nuit de sommeil n'est pas normal. Ce symptôme peut indiquer la présence d'apnée du sommeil, un trouble respiratoire courant aux lourdes conséquences sur la santé.
Publié le: 16 septembre 2024
Par: Soraya Soussi
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Photo: ©AdobeStock
C'est le calme plat au laboratoire du sommeil et de la vigilance du CHU Namur. Ici, les patients viennent dormir pour que l'on surveille leur sommeil. Georges, conducteur de poids lourds, y a passé la nuit. Il souffre de fatigue chronique, un des symptômes les plus fréquents chez les patients sujets à l’apnée du sommeil. Son médecin lui a prescrit un test du sommeil (polysomnographie). Avant de plonger dans les bras de Morphée, une infirmière lui a placé des électrodes sur la tête, la poitrine, les jambes, des capteurs sous le nez et une ceinture au thorax et à l'abdomen. Dans la salle de contrôle, une dizaine d'écrans affichent des graphiques colorés qui représentent les événements respiratoires, l'activité cardiaque, cérébrale, le mouvement des muscles, etc. Objectif : vérifier la qualité du sommeil et poser un diagnostic clair afin d'adopter le traitement adéquat.
En Belgique, environ 6 % de la population adulte souffrirait du syndrome de l'apnée du sommeil, avec une prévalence plus élevée chez les hommes de plus de 40 ans et les personnes en surpoids. Souvent oubliés, les enfants et les adolescents peuvent également être touchés : des comportement irritables, hyperactifs, "turbulents" peuvent signaler chez eux une fatigue anormale. Ce qui peut, dans les cas les plus sévères, endommager leur développement (capacité à apprendre, à se concentrer).
20.000 lieues sous la couette
Le sommeil est fondamental pour le fonctionnement du cerveau, le bien-être physique et mental. Les interruptions répétées de la respiration provoquées par l'apnée du sommeil viennent perturber ce repos essentiel. Ces pauses durent généralement entre 10 et 30 secondes, mais peuvent parfois se prolonger au-delà d’une minute. Elles sont causées par un relâchement des muscles de la gorge, qui conduit à une obstruction partielle ou totale des voies respiratoires. Ce syndrome peut être léger (entre 5 et 15 apnées par heure), modéré (entre 15 et 30) et sévère (plus de 30).
Quelques signes ont alerté Georges. En plus de sa fatigue chronique, il ronfle beaucoup, ce qui perturbe aussi le sommeil de sa compagne. Des maux de tête matinaux, des troubles de la concentration et de la mémoire, ainsi qu'une irritabilité sont également des symptômes à prendre en considération.
Des risques sous-estimés
L'apnée est associée à un risque accru de développer des maladies cardiovasculaires, comme l'hypertension artérielle, l'infarctus du myocarde ou l'accident vasculaire cérébral (AVC). "Les personnes souffrant d’apnée du sommeil sont également plus susceptibles de développer un diabète de type 2, en raison des fluctuations de la glycémie causées par les réveils nocturnes répétés", ajoute le docteur Jean-Benoît Martinot, médecin et spécialiste du sommeil au CHU Namur. Plus surprenant, l'apnée peut être un facteur de risque lié à certaines maladies neurodégénératives, comme la démence.
Enfin souffler
Dans trois semaines, Georges recevra les résultats de son examen avec le traitement adéquat. Car celui-ci dépend de la sévérité du syndrome. Pour les cas légers, adapter son hygiène de vie peut suffire — éviter l’alcool et les sédatifs avant le coucher — ou encore changer de position de sommeil. Si le surpoids est à l'origine des troubles, un régime sera conseillé. Pour les apnées modérées, les médecins préconisent de plus en plus l'adoption d'une orthèse pour avancer la mâchoire inférieure et libérer les voies aériennes à l'arrière de la gorge. Dans les cas plus graves, l'utilisation d’un appareil de pression positive continue (PPC) est souvent recommandée. Ce dispositif maintient les voies respiratoires ouvertes en envoyant un flux d'air constant via un masque porté sur le nez ou la bouche. Bien que contraignant, ce traitement est efficace pour réduire les apnées et améliorer la qualité de vie des patients. Aujourd'hui, environ 200.000 personnes suivent le traitement avec une assistance respiratoire.