
Soins de santé
Accompagner des personnes en situation de handicap en séjour de vacances, animer des plaines pour enfants, organiser des activités avec des seniors… Cet été, des centaines de volontaires, jeunes et moins jeunes, s'engagent pour les autres au sein des mouvements de la MC. Bonne nouvelle : le volontariat, c’est aussi bon pour la santé et le bien-être.
Publié le: 12 janvier 2020
Mis à jour le: 20 juin 2025
Par: Joëlle Delvaux
11 min
Photo: “© Pierre Laurent Barroo // Participer activement à la vie associative a un impact positif sur le bien-être.
Depuis qu'elle a goûté au volontariat lors d'un séjour organisé par Altéo, Caroline ressent le besoin de s'accorder ces parenthèses régulières dans sa vie active. "Ces moments intenses passés avec des personnes extraordinaires m’apprennent beaucoup et m’aident à me recentrer sur l'essentiel. À chaque fois, après quelques jours passés dans notre 'bulle Altéo' à nulle autre pareille, j’en ressors ressourcée et pleine d’énergie. J'encourage chacun à vivre cette expérience au moins une fois dans sa vie."
Yvan, quant à lui, souhaitait avant tout trouver de quoi s’occuper et s'investir après une période bien chargée en tant qu’aidant proche… "Après avoir participé à un séjour d’Énéo, j’ai eu envie de devenir volontaire, avec surtout le souhait de rencontrer de nouvelles personnes. Aujourd’hui, grâce à Énéo, je m’épanouis tout en essayant de mettre ma pierre à l’édifice, grâce à ma créativité et à l’humour… "
Eline pourrait être la petite fille d'Yvan. Après avoir baigné comme "animée" dans l'ambiance des séjours d'Ocarina durant toute son enfance, elle a naturellement eu envie de devenir animatrice et de transmettre à son tour le virus d'Ocarina. "On s'éclate, s'exclame-t-elle. Il y a bien sûr des contraintes et ce n'est pas de tout repos. Mais c'est tellement gratifiant de voir les enfants entrer dans ton monde".
Ces paroles parmi d'autres témoignent d'une dynamique bien vivante au sein de la MC et de ses mouvements. Altéo, énéo, énéoSport, Ocarina et toutes les initiatives de la MC donnent l'opportunité à chacun de trouver sa place, s’impliquer, partager, se sentir utile… et contribuer à sa qualité de vie ainsi qu'à celle des autres. Que ce soit à travers des activités culturelles, des ateliers bien-être, du sports, des engagements solidaires… il existe mille façons de s'engager et de créer du lien.
S'engager comme volontaire, c’est donner de son temps et de soi pour les autres ou pour une cause que l'on estime juste. C’est participer à la construction d’un monde plus solidaire et plus humain. Le volontariat est donc une attitude fondamentalement altruiste, porteuse de sens. Pour autant, le volontariat permet de recevoir autant que de donner. Il rompt l'isolement, crée des relations sociales, améliore la confiance en soi, renforce l'estime de soi... La personne bénévole se sent valorisée. Elle peut aussi compter sur le soutien du réseau auquel elle appartient. Tout cela participe au sentiment d'être en bonne santé. La santé représente bien plus qu'être en forme physiquement. La qualité de vie en fait partie intégrante tout comme la recherche de sens, la participation à la société…
En 2019, une étude réalisée par la MC et ses mouvements partenaires avec l’Institut de recherche en sciences psychologiques de l'UCLouvain a confirmé les intuitions à propos des bienfaits du volontariat sur la santé. Comme le précisaient alors les chercheurs, Jessica Morton et Bernard Rimé, "même si l'on ne peut affirmer avec certitude qu'il y a un lien de cause à effet, la corrélation entre le volontariat et la santé ressort clairement des résultats de cette recherche". Épanouissement, confiance en soi, sentiment d'inclusion dans la société… mais aussi consultations moins fréquentes des médecins, moindre consommation de médicaments... : non seulement les volontaires se sentent en meilleure santé, mais ils dépensent aussi moins en soins de santé. Cette dynamique positive est apparue encore plus marquante pour les volontaires actifs au sein des mouvements de la MC !
"L'engagement volontaire dans le secteur associatif a-t-il un impact sur la santé?" Telle est la question à laquelle le projet de recherche ambitionnait de répondre. 2.053 volontaires engagés auprès d'Altéo, Ocarina, Énéo, énéoSport ou d'un des mouvements équivalents du côté néerlandophone (Samana,Kazou et Okra) ont répondu à un questionnaire en ligne et donné leur accord pour coupler leurs réponses à l'analyse de leurs données de santé (en 2017 et 2018). Près de 5.000 membres de la MC ont complété le panel, selon les mêmes modalités.
Pour effectuer des comparaisons, les 7.021 participants ont été répartis en quatre groupes:
- les volontaires actifs dans un ou plusieurs mouvements de la MC,
- les membres MC actifs dans une association ou organisation,
- les membres MC qui prennent part à la vie associative de manière passive,
- les membres MC qui ne participent pas du tout à la vie associative.
Dans notre société, il existe quantité d'opportunités de s'engager activement dans des associations, clubs, ONG et autres organisations. Les domaines dans lesquels le volontariat peut s'exercer sont aussi variés que la promotion de la santé et du bien-être, l'aide et/ou les soins aux personnes, l'éducation permanente, la culture, l'enseignement, la vie de quartier, le sport, le folklore, l'environnement, le féminisme, le social, la coopération internationale, etc.
Les résultats de l'étude le confirment très nettement : le fait de participer activement à la vie associative a un impact positif sur le bien-être : confiance en soi, estime de soi, soutien social, empathie, épanouissement, intégration dans la société, sens de l'existence… Les liens sont significatifs pour toutes les variables mesurées et rapportées par les répondants. A noter que les volontaires actifs dans les mouvements de la MC se perçoivent en meilleure santé que les trois autres groupes de répondants. À l'inverse, les personnes qui ne participent pas du tout à la vie associative ont une perception moins bonne de leur santé et un sentiment de solitude plus prégnant.
Lorsqu'on se sent en meilleure santé, on recourt moins souvent aux soins de santé. Les résultats de la recherche confirment cette hypothèse. Ainsi, les personnes qui ne participent pas du tout à la vie associative - et se sentent en moins bonne santé - consultent davantage les médecins généralistes et spécialistes que celles ayant une participation active ou passive.
Les volontaires actids dans les mouvements de la MC recourent moins souvent aux spécialistes que les personnes qui n'ont pas de participation sociale (17 % de consultations en moins). La tendance est identique et plus forte encore pour les hospitalisations de jour (non chirurgicales) : 48 % en moins.
L'engagement volontaire a également des effets significatifs sur la consommation de médicaments remboursés. Les volontaires actifs à la MC sont plus nombreux que les trois autres groupes à ne pas en consommer du tout. À l'inverse, les personnes qui ne participent pas à la vie associative ont une consommation de médicaments significativement plus élevée. La corrélation est particulièrement forte pour les médicaments agissant sur le système nerveux (antiépileptiques, antidépresseurs, antipsychotiques…).
Pour Jessica Morton et Bernard Rimé, chercheurs à l'UCLouvain, les résultats de cette étude entrent en cohérence avec un courant scientifique qui montre combien la participation à la vie sociale va de pair avec le bien-être. "Le volontariat n'est pas seulement une source d'enrichissement pour la vie en société, il l'est aussi pour la santé et le bien-être de ceux qui s'y engagent", concluaient alors les chercheurs.
Jessica Morton, aujourd'hui doctorante à à l’Institut de recherche en sciences psychologiques de l’UCLouvain, a poursuivi la réflexion entamée il y a quelques années avec la MC et ses mouvements. Elle a consacré sa thèse à l’étude des liens entre participation sociale et santé. Son constat ? Participer à des projets concrets, porteurs de sens, a un impact indéniable sur la bonne santé des personnes, à tel point que cette participation sociale pourrait rejoindre le rang des prescriptions, sociale dans ce cas, comme traitement potentiel contre la solitude.
"La solitude est un fléau des sociétés contemporaines axées sur l’individu, explique la doctorante. Elle engendre des conséquences sanitaires aussi graves que l'obésité ou le tabagisme". Les risques de développer des maladies cardiovasculaires, des troubles neurodégénératifs, ou de faire face à une mortalité précoce, sont significativement accrus chez les individus en situation d'isolement. Les personnes isolées, sans participation sociale, sont celles qui ont la consommation la plus élevée en termes de soins de santé et de médicaments. Aujourd’hui, 50 % des patients sollicitant leur médecin généraliste, le font suite à des angoisses ou de l’anxiété liées à la solitude (15 % chez les ados et 45 % chez les + de 65 ans).
"Ces solutions sont souvent inadéquates face à la solitude. Le simple fait de rejoindre un groupe social, en dehors de la maison et du travail, a un impact positif sur la santé. Les possibilités de participation sociale sont multiples et diverses", estime Jessica Morton qui plaide pour un recours davantage systématique à l’accompagnement psychologique individuel et adapté comme piste complémentaire à la participation sociale comme remède à la solitude et à l'isolement.
J. Morton
Les volontaires actifs au sein des mouvements partenaires de la MC se sentent particulièrement en bonne santé : tel est l'un des constats réjouissants de l'étude décrite ci-dessus. Témoignages.
L'invalidité et l'isolement… Gabriel, 73 ans, les a vécus. "Je travaillais comme ingénieur pour une grande multinationale lorsqu'on m'a proposé un poste envié de tous. J'avais 51 ans et j'ai accepté cette nouvelle fonction… mais, en fait, elle ne servait à rien ! Un an et demi plus tard, je suis tombé en 'bore out' (NDLR – épuisement professionnel lié à un manque de travail ou à l'ennui suscité par les tâches qui sont confiées), puis en dépression profonde", confie Gabriel. C'est à la suite d'un voyage proposé aux invalides par Altéo qu'il s'est initié au volontariat. "Lors de ce séjour, j'ai fait la connaissance de personnes rencontrant les mêmes difficultés que moi. Un an plus tard, des vacanciers ont créé un comité d'invalides. Ils m'ont proposé de les rejoindre. C'est alors que j'ai expérimenté le bénévolat pour la première fois, explique Gabriel qui voit à sa maladie, un côté positif : J'ai découvert un monde où règnent le respect, la solidarité et la convivialité. Notre comité tente de briser l'isolement des personnes en invalidité. On organise des conférences, des excursions, des balades, des diners… Assez vite, j'ai retiré du plaisir de cet engagement et j'ai pris conscience que je servais à quelque chose. J'ai longtemps été suivi par mon médecin, par un psychothérapeute et je prenais des médicaments mais tout cela est désormais derrière moi. Ce qui m'a aidé, c'est la chaleur humaine qui, selon moi, est indissociable de la guérison physique et morale.
Aujourd'hui, Gabriel s'active toujours au sein du comité dont il est devenu le secrétaire. Il s'implique aussi à d'autres niveaux dans le mouvement auquel il consacre deux à trois jours par semaine. "Cela me permet de rester en forme", lance-t-il.
À peine rentrée de son cours de yoga, Chantal, 65 ans, explique d'une voix enjouée comment elle a découvert Énéo et sa branche sportive. "Je venais d'emménager dans la province de Luxembourg, et ma sœur m'a proposé de participer à une marche organisée par énéoSport. En deux ans, cette association m'a permis de me refaire tout un cercle d'amis. Elle poursuit : Au-delà des bienfaits de la marche, on apprend beaucoup au contact des autres. Les aspects humains et sociaux sont plus importants que l'activité sportive elle-même". C'est, entre autres, ce qui a poussé Chantal à devenir présidente de la marche des Granvigous. Après avoir suivi une formation, elle donne aussi désormais un cours de gymnastique douce aux 75-80 ans. "J'aime voir arriver ces dames toute coquettes. On se raconte des blagues. On s'amuse beaucoup." Chantal se réjouit de retrouver ce même état d'esprit lors d'autres activités organisées par Énéo (excursions, sorties, fêtes…). "Je remarque à quel point faire partie d'un groupe est valorisant. Et ces rencontres s'enrichissent de la présence occasionnelle des plus jeunes. Les marches "grands-parents et petits-enfants" plaisent en effet autant aux aînés qu'aux enfants."
Louis, 20 ans, consacre cinq à six soirées par mois comme volontaire au sein d'Ocarina, l'organisation de jeunesse partenaire de la MC (anciennement dénommée Jeunesse&Santé). "Après avoir co-animé des stages pour enfants dans mon village, j'ai voulu me former pour pouvoir encadrer seul un groupe. J'ai opté pour la formation d'animateur organisée par Ocarina."
Être animateur lui a tout de suite plu : "J'ai découvert les 'obligations positives'. Rien ne nous oblige à nous investir mais dès qu'on fait ce choix, on l'assume à fond et on honore ses engagements avec plaisir. J'aime voir qu'on est tous rassemblés autour d'une même cause". Louis apprécie tant son volontariat qu'il a décidé de découvrir les coulisses de l'animation et d'intégrer le comité Ocarina de sa région. "Le volontariat nous force à bouger, à découvrir nos limites aussi. Mais il m'a surtout permis de développer des relations, de gagner en confiance en moi, en prenant la parole en public, par exemple. Et j'ai découvert le sentiment de bienveillance que je compte bien transmettre à mon tour."
Plus d'infos sur le volontariat dans les mouvements partenaires de la MC : alteoasbl.be • eneo.be • eneoSport • ocarina.be
Gabriel, volontaire à Altéo