
Incapacité de travail
La cystite est une infection urinaire fréquente, en particulier chez les femmes. Généralement bénigne, elle est néanmoins très gênante. Comment traiter rapidement les symptômes et diminuer les risques ?
Publié le: 22 avril 2025
Par: Julie Luong
5 min
Photo: (c)AdobeStock // Les symptômes de la cystite surviennent de manière soudaine. Ils sont très gênants et reconnaissables.
La cystite est une infection urinaire fréquente. Dans 90 % des cas, elle est causée par la bactérie Escherichia coli, naturellement présente dans le tube digestif. Plus rarement, par d’autres bactéries ou micro-organismes. L’infection survient quand ces bactéries intestinales pénètrent dans l’urètre, puis remontent dans la vessie, où elles se multiplient. "La proximité entre le méat urinaire et le rectum chez les femmes explique qu’elles soient plus concernées que les hommes", détaille Charline Marbaix, médecin généraliste. Une femme sur deux présentera au moins un ou plusieurs épisodes de cystite au cours de sa vie. Si seul un homme sur sept est concerné, les complications sont aussi plus fréquentes : l’infection peut s’étendre à la prostate (prostatite), avec des risques d’infection généralisée.
Les rapports sexuels pénétratifs sont souvent un facteur déclencheur, car ils favorisent le transfert de la flore fécale vers la vessie. C’est particulièrement vrai au début de la vie sexuelle, quand la flore n’a pas encore développé des défenses optimales et que les rapports sexuels sont fréquents, mais aussi au moment de la ménopause. "Tout ce qui fragilise les muqueuses va permettre à Escherichia coli de proliférer plus facilement, poursuit Charline Marbaix. Or la baisse du taux d’œstrogènes à la ménopause provoque un amincissement de la muqueuse." La présence d’un prolapsus génital (descente d’organes) peut également augmenter le risque de cystites, tout comme un diabète mal équilibré. Comme dans d’autres infections, le stress et la fatigue sont aussi des facteurs favorisants. "Beaucoup de patientes identifient très bien les circonstances précises dans lesquelles elles vont développer une cystite", souligne Charline Marbaix. Des recherches récentes montrent par ailleurs que l’urine abrite un microbiome, distinct du microbiome vaginal ou intestinal. La composition de cet "urobiome" – présence ou non de "bonnes bactéries" – pourrait jouer un rôle dans la survenue des infections urinaires.
Charline Marbaix, médecin généraliste
Les symptômes de la cystite surviennent de manière soudaine. Ils sont très gênants et reconnaissables. "On peut difficilement confondre la cystiste avec autre chose", souligne Charline Marbaix :
– sensation de brûlure et/ou douleur en urinant,
– sensation de poids dans le bas du ventre ou douleurs dans le bas ventre,
– besoins pressants et fréquents d'uriner sans pouvoir évacuer beaucoup d'urine,
– présence d’urines troubles, dégageant une odeur inhabituelle et contenant éventuellement des traces de sang.
Localisée à la vessie, la cystite ne provoque ni douleur lombaire, ni fièvre. La présence de ces symptômes indique que l’infection est en train de remonter vers les reins. Il faut alors consulter en urgence.
"Lorsqu’il y a eu des rapports sexuels à risque, il faut faire un dépistage, insiste Charline Marbaix, car la chlamydia et la gonorrhée provoquent aussi des douleurs à la miction."
La cystite interstitielle (syndrome de la vessie douloureuse) est une maladie inflammatoire de la vessie dont les symptômes sont similaires à ceux de la cystite (envies pressantes et/ou fréquentes d’uriner, inconfort dans le bas ventre, difficultés à vider la vessie...) Alors que la cystite "classique" est causée par une bactérie et peut être traitée par des antibiotiques, la cystite interstitielle n’est pas d’origine bactérienne. Il s’agit d’une affection chronique dont les causes ne sont pas élucidées, mais qui pourrait être liée à une altération de la paroi vésicale. 90% des personnes concernées sont des femmes et l’âge moyen de survenue se situe entre 30 et 40 ans. Elle est fréquemment associée à un syndrome de l’intestin irritable (mais aussi à d’autres syndromes douloureux comme la fibromyalgie). Des interactions complexes entre vessie, cerveau et intestin pourraient être impliquées.
La cystite est une maladie bénigne la plupart du temps mais extrêmement gênante. C’est pourquoi les symptômes nécessitent d’être soulagés rapidement. Le traitement repose sur la prise d’antibiotiques, en dose unique ou sur une courte période (3 à 5 jours). En Belgique, ce traitement antibiotique requiert une ordonnance médicale. Le D-mannose, un sucre capable d’empêcher la fixation d’Escherichia coli aux cellules de la paroi vésicale, est parfois aussi utilisé. En revanche, les produits à base de canneberges (cranberry) n’ont pas prouvé leur efficacité dans le traitement ou la prévention des cystites.
"À partir de trois infections par an ou de deux infections dans les six derniers mois, on parle de cystite récidivante", explique Charline Marbaix. Lorsque les cystites surviennent systématiquement après des rapports sexuels pénétratifs, il est possible de prendre un comprimé de furandantine (antibiotique) juste après le rapport. Dans les autres cas, une prescription d’antibiotiques sur une durée de six mois est parfois préconisée. "Cela fonctionne bien, mais les antibiotiques ont des effets secondaires, en particulier sur les flores. Il ne faut donc pas aller au-delà de cette durée", poursuit la généraliste.