Société

Le volontariat c'est bon pour la santé

Épanouissement, confiance en soi, sentiment d'inclusion dans la société… mais aussi consultations moins fréquentes des médecins, moindre consommation de médicaments... Une vaste étude, réalisée par la MC et l'UCLouvain en 2019, montre une corrélation claire entre le volontariat et la santéCe résultat est encore plus marquant pour les volontaires actifs au sein des mouvements de la MC !

Publié le: 12 janvier 2020

Mis à jour le: 02 juillet 2025

Par: Joëlle Delvaux

8 min

une jeune fille aide une senior

Photo: “© AdobeStock // Participer activement à la vie associative a un impact positif sur le bien-être.

"L'engagement volontaire dans le secteur associatif a-t-il un impact sur la santé?" Telle est la question à laquelle le projet de recherche ambitionnait de répondre. L'étude a été menée en 2019 par le service d'études de la MC et des chercheurs de la Faculté de psychologie de l'UCLouvain, en collaboration étroite avec les mouvements francophones et néerlandophones partenaires de la MC : Altéo et Samana (mouvements de personnes malades, valides et handicapées), Énéo, énéoSport et Okra (mouvements des aînés) et Ocarina et Kazou (organisations de jeunesse) ainsi qu'Intersoc (le service vacances de la MC).

2.053 volontaires engagés dans ces associations ont répondu à un questionnaire en ligne et donné leur accord pour coupler leurs réponses à l'analyse de leurs données de santé sur les années 2017 et 2018. Près de 5.000 membres de la MC ont complété le panel, selon les mêmes modalités. Pour effectuer des comparaisons, les 7.021 participants ont été répartis en quatre groupes: les volontaires actifs dans un ou plusieurs mouvements de la MC, les membres MC actifs dans une association ou organisation, les membres MC qui prennent part à la vie associative de manière passive et les membres MC qui n'y participent pas du tout.

Un mieux-être lié à l'engagement

On peut définir le volontariat par l'activité dans laquelle l’individu donne de son temps à des groupes et organisations sans compensation financière en retour. Dans notre société, il existe quantité d'opportunités de s'engager activement dans des associations, clubs, ONG et autres organisations. Les domaines dans lesquels le volontariat peut s'exercer sont aussi variés que la promotion de la santé et du bien-être, l'aide et/ou les soins aux personnes, l'éducation permanente, la culture, l'enseignement, la vie de quartier, le sport, le folklore, l'environnement, le féminisme, le social, la coopération internationale, etc.

Des réponses apportées au questionnaire, il ressort que le fait de participer activement à la vie associative a un impact positif sur le bien-être : confiance en soi, estime de soi, soutien social, empathie, épanouissement, intégration dans la société, sens de l'existence… Les liens sont significatifs pour toutes les variables mesurées et auto-rapportées par les répondants. On épinglera que les volontaires actifs dans les mouvements de la MC se perçoivent en meilleure santé que les trois autres groupes. À l'inverse, les personnes qui ne participent pas du tout à la vie associative ont une perception moins bonne de leur santé et un sentiment de solitude plus prégnant.

Moins souvent chez le médecin

Lorsqu'on se sent en meilleure santé, on recourt moins souvent aux soins de santé. Les résultats de la recherche confirment cette hypothèse. Ainsi, les personnes qui ne participent pas du tout à la vie associative - et se sentent en moins bonne santé - entrent davantage en contact avec les médecins généralistes et spécialistes que les personnes ayant une participation active ou passive. Et ce, indépendamment de leur âge, qu'elles soient homme ou femme, qu'elles vivent seules ou non, qu'elles bénéficient de l’intervention majorée ou non. Concernant les médecins spécialistes, ce sont les volontaires actifs à la MC qui y ont significativement le moins souvent recours. En moyenne, ils ont 4,1 contacts par an avec un spécialiste tandis que ceux qui ne participent pas à la vie associative ont en moyenne 4,8 contacts par an, soit 17% de contacts en plus.

La tendance est identique pour les hospitalisations de jour (non chirurgicales) : les volontaires des mouvements de la MC ont, en moyenne, 0,33 hospitalisation de jour par an. En revanche, ceux qui ne participent pas à la vie associative en ont, en moyenne, 0,48, soit 48 % de plus.

Moins de médicaments

L'engagement volontaire a également des effets significatifs sur la consommation de médicaments remboursés. Les volontaires actifs dans les mouvements de la MC sont plus nombreux que les personnes appartenant aux trois autres groupes à ne pas en consommer du tout. À l'inverse, les personnes qui ne participent pas à la vie associative présentent, en volume, une consommation de médicaments significativement plus élevée que les trois groupes qui y participent. La corrélation est particulièrement forte dans la classe thérapeutique N, soit celle des médicaments agissant sur le système nerveux (antiépileptiques, antidépresseurs, antipsychotiques…) : les personnes sans participation à la vie associative consomment deux fois plus de ces médicaments que les volontaires actifs dans les mouvements de la MC.

"Même si l'on ne peut affirmer avec certitude qu'il y a un lien de cause à effetla corrélation entre le volontariat et la santé ressort clairement de cette étude, affirment Jessica Morton et Bernard Rimé, chercheurs à l'UCLouvainLes résultats entrent en cohérence avec un courant scientifique qui montre combien la participation à la vie sociale va de pair avec le bien-être. Le volontariat n'est pas seulement une source d'enrichissement pour la vie en société, il l'est aussi pour la santé et le bien-être de ceux qui s'y engagent", concluent les chercheurs.