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Lorsqu'un enfant ou un adolescent est en convalescence de longue durée à la maison, il importe de continuer les apprentissages afin de faciliter son retour à l'école. L'association L'École à hôpital et à domicile répond aux demandes de suivi scolaire en Wallonie et à Bruxelles.
Publié le: 15 février 2023
Par: Sandrine Cosentino
7 min
Photographie: ©AdobeStock
Victime d'un accident de la route, Elisabeth (prénom d'emprunt) doit subir plusieurs interventions à la suite d'une double fracture ouverte. "Le problème, c'est que l'école, pendant cette période, ne vous attend pas…", confie-t-elle. Pour lui permettre de maintenir le contact avec la matière enseignée, ses parents ont fait appel à l'asbl L'École à l'hôpital et à domicile (EHD). Les enseignants EHD assurent momentanément le relais en suivant le programme de l'école d'origine et les directives fixées par les professeurs.
Coordinatrices de l’antenne de Namur, Bénédicte Boucquéau et Véronique vander Borght connaissent bien l’association. Véronique y est bénévole depuis 12 ans. "Avec mon binôme, Bénédicte, nous établissons le premier contact avec la famille et l'enfant, nous cherchons les enseignants bénévoles et nous répondons aux questions des professeurs."
Les parents de Martin (prénom d'emprunt) témoignent : "La continuité scolaire est très importante, elle permet à l'enfant de faire travailler ses méninges et de répondre à des exigences scolaires (…) avec comme conséquence une meilleure confiance en soi (…) alors que la maladie apporte parfois du découragement et une mauvaise estime de soi."
Grâce au suivi scolaire mis en place par l'EHD pendant près de deux ans, Arnaud (prénom d'emprunt) a pu poursuivre des études supérieures et est aujourd'hui ingénieur. Il s'est battu à 15 ans contre un cancer touchant essentiellement les adolescents. Le soutien principal reçu de l'EHD reste pour lui l'espoir transmis tout au long de son accompagnement : "J'avais la perspective de retrouver une vie 'comme avant' après ma maladie, c’est-à-dire dans mon école, avec mes amis. Nous avons toujours besoin d’objectifs, mais encore plus lorsqu’un malheur s’abat sur soi, quel qu’il soit."
Le fils de Rodolphe (prénom d'emprunt) était atteint d’asthme sévère en secondaire et devait souvent être hospitalisé. Pour lui, l'aide apportée par l'EHD va au-delà du suivi scolaire : "Mon fils a pu bénéficier d'une scolarité presque normale, mais pas seulement. Le suivi tout au long de ces années lui a aussi permis d’acquérir une autonomie dans son travail." Une compétence assurément importante pendant la période Covid où son fils a très bien géré les cours à distance.
Depuis son implication en tant que bénévole, Véronique vander Borght est convaincue des bénéfices d'un suivi à domicile : "Avoir la visite d'un enseignant, deux fois par semaine pour les plus jeunes et jusqu'à trois à quatre fois pour les adolescents, cela permet de remettre un cadre et un rythme dans leur vie. Les enseignants démontrent également que les enfants peuvent avoir confiance en leurs capacités d’apprentissage. Et c'est une manière de montrer que nous croyons en leur guérison."
En Fédération Wallonie-Bruxelles, l'EHD peut compter sur pas moins de 411 professeurs qualifiés et bénévoles. Certains sont retraités, d'autres toujours actifs. "Nous nous concentrons sur les quatre matières principales : le français, les maths, les langues et les sciences afin de maintenir les élèves à niveau, précise la coordinatrice de Namur. Nous avons des enseignants de la maternelle jusqu'à la fin du secondaire." Le suivi de l'enfant est entièrement gratuit. Un certificat médical est requis et une convention est signée entre l’association et la famille. "Tant la famille que l'enfant ou le jeune doivent adhérer au suivi à domicile, souligne Véronique vander Borght. Il est important que chacun soit collaborant. Nous ne pouvons pas donner cours à un élève contre sa volonté."
En 40 ans, les demandes ont évolué. Le temps d'hospitalisation s'est considérablement raccourci et les écoles hospitalières se sont développées (voir l'encadré). Depuis plusieurs années, l'EHD a donc concentré ses activités sur le suivi à domicile.
Photo: ©EHD - Un professeur de l'EHD donne cours à une adolescente à la maison
Grâce aux nouvelles technologies et aux supports numériques, il est aujourd'hui possible de se connecter de manière virtuelle à une classe, comme le propose l'asbl ClassContact (voir encadré). Malgré ces possibilités techniques, le projet de l'EHD garde toute son importance comme l'a rappelé Françoise Persoons, directrice de l'association, dans son discours pour célébrer les 40 ans de l'asbl, en octobre dernier : "Pour le jeune privé de vie scolaire, c’est une personne généreuse qui vient vers lui, l’éloigne un moment des soins et de l’univers médical des 'blouses blanches'. Elle partage avec lui des moments uniques et forts. Parfois difficiles, avouons-le. Pour la famille, cette visite est un moment pour souffler. Pour l’école de l’enfant, c’est une façon de ne pas l’abandonner, de le voir avancer dans sa scolarité, de contribuer à l’aider à dépasser la maladie. Pour les professeurs EHD, c’est un bénévolat actif et passionné, qui leur apporte beaucoup plus que ce qu’ils donnent."
Le suivi du jeune s'arrête dès que le certificat médical est terminé et qu'il retourne à l'école. "Le plus souvent, la famille tourne la page quand la maladie est derrière eux, admet Véronique vander Borght, mais lorsqu'on entend le témoignage de Karim, atteint d'un cancer à l'âge de 15 ans et aujourd'hui enseignant en psychologie, on ne peut qu'être fier de nos bénévoles pour leur écoute, leur soutien et leur bienveillance dans ces moments où toute la famille est fragilisée."
L'asbl L'École à l'hôpital et à domicile ne reçoit pratiquement aucun subside et fonctionne uniquement sur la base du bénévolat. L'association recherche des profils des personnes ayant une affinité avec l'enseignement, en activité ou retraité, du niveau maternel jusqu'au niveau secondaire supérieur, prêts à donner de leur temps pour soutenir les enfants pendant leur convalescence, dans la majorité des cas, à la maison. "Il s'agit d'un bénévolat à la demande, ce n'est pas comme s'engager à prester une permanence. Cela peut durer quelques semaines ou plusieurs mois et il peut y avoir beaucoup de demandes ou pas du tout en fonction des moments", précise Véronique vander Borght, coordinatrice de l'antenne de Namur. L’asbl cherche également des bénévoles pour du travail administratif et pour coordonner les demandes.
Lorsqu'un jeune doit rester à l'hôpital pour une longue période, le lien avec le milieu scolaire doit être maintenu. Les écoles hospitalières prennent alors le relais.
Les écoles de type 5 permettent la continuité du suivi scolaire des jeunes hospitalisés. L'École Escale (implantée dans différentes cliniques de la Région bruxelloise, dans le Brabant wallon et en Province de Namur) et L'École Robert Dubois (travaille sur diverses implantations en Région bruxelloise) proposent un enseignement spécialement destiné aux élèves de 2,5 à 21 ans hospitalisés dans une clinique ou dans une institution médico-sociale reconnue par la Communauté française, qu’il s’agisse d’une problématique somatique (relative au corps) et/ou psychiatrique. La durée de la prise en charge varie de quelques jours à plusieurs mois en fonction de l'état de santé du jeune.
L'objectif de ces établissements est de rendre possible l'obligation scolaire de tous les enfants, d’éviter les retards scolaires trop importants et de maintenir l'habitude d'un travail régulier. L’enseignement en hôpital est un enseignement individualisé, visant à aider l'enfant à maintenir ses connaissances et, dans la mesure du possible, à les développer.
L'asbl ClassContact installe gratuitement, à domicile ou à l’hôpital et dans la classe, le matériel informatique et les connexions internet nécessaires pour permettre au jeune en convalescence de suivre les cours en direct et de communiquer avec ses enseignants et les autres élèves.
Ce service entièrement gratuit est possible pour toute absence d'au moins six semaines (programmée ou non), que ce soit pour maladie, accident, handicap, grossesse… Il s'adresse aux jeunes dès la 3e maternelle et jusqu'à la fin des secondaires.
En 2006, trois anciens collègues d'une société informatique décident de mettre leurs compétences au service d’enfants malades et isolés afin qu’ils puissent renouer avec leurs camarades de classe et poursuivre leur scolarité. Ils créent l’asbl Take Off. Depuis, plus de 1.000 enfants, 14 hôpitaux et 415 écoles ont bénéficié de leurs services. En 2020, Take Off devient ClassContact.
L'association met également à disposition des jeunes, des parents et des enseignants un service d'aide en cas de problème technique.
02 770 71 17
Antenne à Bruxelles, Waterloo-Nivelles, Namur, Wavre-Jodoigne, Ath-Enghien-Soignies-Mons, Arlon-Virton-Paliseul-Marche, Tournai, Huy-Waremme-Liège, Charleroi, Mouscron • En région flamande : School en Ziekzijn (s-z.be)
02 726 40 55
L'asbl ClassContact installe gratuitement, à domicile ou à l’hôpital et dans la classe, le matériel informatique et les connexions internet nécessaires pour permettre au jeune en convalescence de suivre les cours en direct et de communiquer avec ses enseignants et les autres élèves.
Les écoles implantées dans les sites hospitaliers et dites de « type 5 » accueillent l’enfant (maternel, primaire, secondaire) durant son hospitalisation et/ou sa convalescence, en proposant un enseignement qui répond à ses besoins spécifiques pendant cette période particulière de sa vie.
hospichild.be