Incapacité de travail
Nettoyer, ranger, lessiver, repasser, laver les vitres… les aides ménagères sociales - en très grande majorité des femmes - veillent à ce que le lieu de vie de personnes en perte d'autonomie soit propre et soigné. Elles leur apportent aussi écoute, soutien moral et bien-être.
Publié le: 16 novembre 2022
Mis à jour le: 29 juillet 2024
Par: Joëlle Delvaux
6 min
Photo: © AdobeStock - L'aide ménagère sociale encourage la personne à participer aux tâches dans la mesure de ses capacités pour qu'elle reste actrice de son quotidien et garde autant que possible une certaine autonomie.
Christine travaille comme aide ménagère sociale à temps plein depuis deux ans. "Je venais de France où je travaillais comme aide ménagère dans une maison de repos. Dans l'offre d'emploi de l'ASD (Aide & Soins à Domicile – NDLR), le qualificatif ‘social’ m’intéressait fortement. Les contacts sociaux, c'est ce qui me parle". Christine n'a pas été déçue. "Je me rends chez des personnes âgées, malades, isolées, handicapées… Une relation de confiance s'installe au fil du temps. On prend le temps de l'écoute, des échanges. En faisant le ménage, j'offre du réconfort, je permets à la personne de se sentir bien chez elle. J'aime bien que cela sente bon après mon passage. Des bénéficiaires me disent que je suis une magicienne, leur rayon de soleil, raconte-t-elle amusée. Bien entendu, cela me fait plaisir. Je me sens utile".
Bernadette, 90 ans, est l'une des personnes chez qui se rend Christine une fois par semaine pour 2 à 3 heures. Cela fait un an qu'elles sont complices. "À un moment, il faut accepter de vieillir et de demander de l'aide, souffle Bernadette. J'ai de l'arthrose aux genoux et je ne sais plus tout faire toute seule. C'est important pour moi que mon appartement soit propre et rangé. J'ai encore des visites. Mais je ne reste pas assise dans mon fauteuil à regarder Christine. Je l'aide comme je peux. On parle aussi, on s'échange des nouvelles. Si elle voit que je ne vais pas bien, elle met en branle ses collègues du service. Je suis vraiment entourée par une équipe formidable. Ces femmes ont du coeur. J'ai été visiteuse de malade pendant très longtemps. À mon tour, je suis visitée et aidée", philosophe Bernadette.
Le métier d’aide ménagère sociale est ce que l’on appelle un métier d’entrée, c’est-à-dire que c’est bien souvent le premier service à se rendre au domicile d’une personne en perte d’autonomie. "L'entretien de la maison est la première chose qui devient lourde ou compliquée à assumer lorsque les difficultés surviennent, précise Gaël Verzele, directeur générale de la Fédération des Aides & Soins à Domicile. "Une des grandes différences avec le travail des aides ménagères en titres-services, c'est la finalité des actes réalisés, poursuit-il. L’aide ménagère sociale contribue au maintien du bénéficiaire à son domicile, tout en assurant son confort de vie et en brisant son isolement social. C'est la raison pour laquelle les prestations s'effectuent en présence de la personne. On l'encourage à participer aux tâches dans la mesure de ses capacités pour qu'elle reste actrice de son quotidien et garde une certaine autonomie, autant que possible".
Comme son nom l'indique, l'aide ménagère sociale remplit une fonction sociale. Elle apporte écoute, réconfort, soutien… Elle assure également un rôle de prévention, d’observation et de relais. "En venant régulièrement faire le ménage, on entre dans la vie intime des gens, confie Christine. Si je vois par exemple que le frigo est vide ou que les essuies de bain ne sont pas utilisés, cela va m'alerter. J'en parlerai alors avec la personne et lui proposerai de faire venir l'assistante sociale pour voir ce qui pourrait être mis en place pour l'aider".
Les liens de confiance qui se créent, c'est ce qui anime toujours Marguerita après 18 ans de travail à l'ASD. "J'aime mon métier même si ce n'est pas toujours facile, confie-t-elle. Il faut de la patience, un sens de l'écoute. Parfois, je dois passer au-dessus de remarques désobligeantes, d'attitudes racistes même. Mais chez les personnes qui me connaissent, cela se passe bien. On a la chance aussi d'avoir pas mal de formations. Ce n'est pas évident de savoir comment réagir avec une personne désorientée par exemple. Le pire, c'est quand un bénéficiaire décède. C'est très dur à supporter".
Loin d'être isolée, l'aide ménagère sociale fait partie intégrante d'une équipe, que le service soit organisé par une asbl ou par un service public (souvent le CPAS). C'est l'une des grandes richesses de ce métier. "Chaque semaine, en réunion de service, nous faisons le point sur la situation des bénéficiaires, raconte Christine. On se contacte aussi régulièrement entre collègues pour échanger des informations. Et je sais que je peux compter sur l'assistante sociale de mon réseau en cas de besoin".
On le voit, l'aide ménagère sociale est un maillon essentiel de la chaîne des aides à domicile, avec des tarifs accessibles, fixés en fonction des revenus. Cependant, la plus-value de cette profession n'est pas assez connue ni reconnue. "C'est le seul métier de l’aide à domicile qui ne bénéficie pas d’un statut et pour lequel il n'existe pas de formation spécifique, regrette Gaël Verzele. Par ailleurs, en Wallonie, le financement des prestations n’est pas suffisant alors que les besoins d'aide à domicile vont croissants", s'insurge-t-il.
Contactez Aide & Soins à Domicile, partenaire de la MC. Il existe toujours un centre près de chez soi. Votre demande sera transmise à une assistante sociale. Une visite à domicile vous sera proposée pour déterminer ensemble vos besoins et la manière la plus adéquate d’y répondre.