Éditos

Santé mentale : reconstruire  la solidarité  

Alors que la réponse des pouvoirs publics aux problèmes de santé mentale peine à suivre, il devient urgent de repenser nos fondations sociales pour bâtir une société plus humaine et robuste.  

Publié le: 22 septembre 2025

Mis à jour le: 22 septembre 2025

Par: Alexandre Verhamme, directeur général de la MC

3 min

Des jeunes gens se tiennent par l'épaule, évoquant la solidatiré

Photo: ©AdobeStock // Préserver les lieux de cohésion sociale, c'est préserver la santé mentale de toute la société

Crises climatiques, guerres et génocides, inégalités, précarité, violences masculines, burn-out, harcèlement scolaire… Les sources de souffrance se multiplient et fragilisent la santé mentale. Parfois même, elles traumatisent durablement celles et ceux qui en sont victimes.   

Selon l’OMS, plus d’un milliard de personnes sont concernées, les troubles anxieux et dépressifs étant les plus répandus, en particulier chez les femmes. Mais la détresse touche tous les milieux et  les générations. En Belgique, le suicide est la première cause de mortalité chez les 10-54 ans, avec deux suicides par semaine chez les 10-24 ans.  

L’accès aux soins reste limité : manque de services, de solutions innovantes et de moyens financiers. Pourtant, ces troubles  ont un coût humain et économique majeur. L’OMS estime leur impact à 1.000 milliards de dollars par an, tandis que les investissements en Belgique stagnent…  

Une réponse collective   

Cette crise impose une réponse collective, bien au-delà des cabinets de psychologues. Elle appelle des solutions multiples et une réflexion sur nos valeurs. Trois composantes sont essentielles : le logement, le travail, le lien social.  

Le logement doit être une source de sécurité et de sérénité. Il est essentiel à l’équilibre psychique — l’angoisse liée à la perte ou à l’absence de logement est destructrice — et social, car de nombreux droits ne sont accessibles qu’avec une adresse. Garantir un logement de qualité, c’est offrir un socle de dignité et de santé mentale.  

Le temps consacré au travail est considérable. Il faut repenser son organisation, en garantissant un emploi de qualité, choisi et porteur de sens. Cela implique un travail durable, accessible, et qui respecte les rythmes de vie. Ce qui serait, de facto, bénéfique pour la santé mentale des travailleurs.   

La cohésion sociale, enfin, est un levier fondamental de prévention. Les pouvoirs publics doivent investir dans les lieux où le lien se tisse et où l’on trouve du sens. Le secteur associatif est un vecteur important de cohésion sociale et l’engagement bénévole en son sein contribue au bien-être. Pourtant, les signaux d’économies émis par les gouvernements inquiètent : ils risquent de fragiliser le réseau et l’approche préventive qu’il incarne. Affaiblir un secteur aussi riche, porteur de sens et créateur d'emplois à haute valeur sociale ajoutée est un mauvais calcul. La facture n’en sera que plus salée ensuite pour la santé de la population. Investir dans le logement, le travail et le lien social, c’est investir dans la santé mentale de toute une société. Car prendre soin, ça commence en  construisant des conditions de vie dignes, durables et solidaires.