
Incapacité de travail
Est-on en train de sacrifier la santé des citoyens au profit de la prospérité économique ? On est en droit de se poser la question dans l’épineux dossier des Pfas et, plus largement, des pesticides.
Publié le: 16 mai 2025
Par: Alexandre Verhamme, directeur général de la MC
3 min
Photo: ©AdobeStock // Environ 12 % des substances actives utilisées dans les pesticides appartiennent à la famille des polluants éternels (PFAS)
Ces dernières semaines, de nombreux médecins, professionnels de la santé et coupoles environnementales se sont mobilisés pour réclamer l’interdiction à la source des Pfas. Présents dans de très nombreux objets du quotidien (ustensiles de cuisine, cosmétiques, textiles, emballages de fast-food, pesticides…), ces polluants sont difficiles à éviter et les consommateurs laissés bien seuls face à la responsabilité de trouver des alternatives non toxiques...
L’impact des Pfas et plus largement des pesticides sur la santé est bien documenté. La Société scientifique de médecine générale (SSMG) vient de publier une carte blanche dans laquelle elle rappelle les nombreux effets néfastes des pesticides sur la santé de la population, en particulier des plus fragiles (enfants, femmes enceintes…) et le coût pour la collectivité
Il faut, ensemble, résister aux lobbies agro-industriels et phytosanitaires. Pour que la santé publique prime sur toute autre considération.
Alexandre Verhamme, directeur général MC
Présents dans l’air, l’eau et le sol, les Pfas et plus généralement les pesticides sont très difficiles à éliminer une fois qu’ils sont là. Il est donc essentiel de limiter fortement voire d’interdire leur utilisation à la source et de trouver des substituts non toxiques.
Il est impératif de mettre les différents ministres (santé, agriculture, économie…) autour de la table afin de réglementer et d’agir à tous les niveaux de pouvoirs. Il faut, ensemble, résister aux lobbies agro-industriels et phytosanitaires. Pour que la santé publique prime sur toute autre considération.
Face à ce défi collectif et sociétal, une série d’acteurs se mobilisent. La MC, en tant qu’organisation de santé, soutient les revendications et rejoint notamment Canopéa et Bond Beter Leef Milieu* pour réclamer une action à tous les niveaux de pouvoirs (régional, fédéral et européen).
Repris dans la Déclaration de politique régionale wallonne, le principe de "Santé dans toutes les Politiques" pourrait s’incarner dans ce dossier. Un premier pas dans cette direction a été pris avec la création par le ministre wallon de la Santé Yves Coppieters d’un Comité stratégique Environnement–Santé. Celui-ci réunit différentes administrations : le Service public wallon de l’agriculture, des ressources naturelles et de l’environnement (SPW-ARNE), l’AVIQ, l’Agence wallonne pour l’air et le climat (Awac) et l’Institut scientifique de service public (ISSeP). Ce comité coordonnera des problématiques de long terme (OGM, gestion des déchets de santé, communication de données environnementales, Pfas…) mais aussi de crise.
D’autres pays européens, comme le Danemark et la France, ont commencé à légiférer en ce sens. Espérons que la Belgique s’en inspire et fasse passer la santé publique au-dessus de tout autre contingence. La MC soutiendra toute initiative en ce sens.