Éditos

Retour au travail : quand la reprise devient une épreuve 

Au moins une personne sur dix dit se sentir discriminée lors de son retour au travail après une maladie, révèle une étude de la MC. Ce constat interroge notre capacité collective à garantir une réintégration digne et durable.

Publié le: 25 août 2025

Mis à jour le: 25 août 2025

Par: Elise Derroitte, Vice-présidente MC

2 min

collègue seule devant son ordinateur

Photo: ©AdobeStock // Remarques déplacées, responsabilités retirées.. le retour au travail peut être jonché d'épreuves

Reprendre le travail après une période d’incapacité n’est jamais anodin. C’est un moment de transition, souvent chargé d’espoir, mais aussi de vulnérabilité. Pourtant, selon une récente étude de la MC, au moins 10 % des personnes concernées déclarent avoir été victimes de discrimination à leur retour. Ce chiffre alarmant révèle une réalité encore trop peu explorée : celle des obstacles invisibles qui freinent une reprise sereine.

Les formes de discrimination sont nombreuses et souvent insidieuses. Il peut s’agir de remarques déplacées, de responsabilités retirées sans explication, ou encore d’un silence pesant lors des réunions. Petit à petit, la personne de retour se sent reléguée à l’arrière-plan, comme si son absence avait effacé sa légitimité. Ces situations ne sont pas de simples malentendus : elles ébranlent la confiance, minent l’estime de soi et brouillent l’horizon professionnel. Et pour celles et ceux qui sont d’origine étrangère, le risque de discrimination est encore plus grand.

Changer de regard, changer de pratiques  

Ce que nous apprend cette étude, c’est que la réintégration ne peut se résumer à une simple reprise administrative. Elle doit être pensée comme un processus humain et inclusif, qui mérite la plus grande attention. La réintégration effective d’une personne dans sa fonction ne va pas de soi et impacte aussi les autres membres de l’équipe. Cela implique un engagement de tous les acteurs : employeurs, collègues, services de santé, pouvoirs publics. Il ne suffit pas d’ouvrir la porte du bureau : encore faut-il que la personne qui revient s’y sente attendue, écoutée, reconnue.  

Alors que le Gouvernement entend faire de la remise à l’emploi des personnes en incapacité une priorité, il nous faut collectivement comprendre que la reprise du travail après une maladie n’est pas anodine. Cela ne veut se faire efficacement que dans un cadre humain et accueillant qui met en exergue les compétences et l’engagement des travailleurs.