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Eaux, café, thé, laits, jus, sodas, boissons végétales, sportives, énergisantes… La gamme des boissons non alcoolisées est immense et les fabricants rivalisent d'imagination pour nous faire succomber. Quels choix effectuer pour concilier plaisir et santé alors que l'eau reste la seule boisson indispensable à notre organisme ?
Publié le: 17 octobre 2025
Par: Joëlle Delvaux
7 min
Photo: “© AdobeStock // les fabricants rivalisent d'imagination pour nous faire succomber aux boissons sucrées.
L'eau représente environ 60 % du poids d'un homme et 50 à 55 % du poids d’une femme. Principal composant du corps humain, elle joue un rôle clé dans l’hydratation, la régulation de la température corporelle, le transport des nutriments et l’élimination des toxines. Chaque jour, le simple fait de respirer, de transpirer, d’uriner ou de digérer fait perdre de l'eau qu’il est nécessaire de compenser.
Boire 1 à 2 litres d’eau par jour est donc recommandé, et davantage en cas de fortes chaleurs ou d’effort physique intense. 1 à 1,5 l d'eau est aussi apportée à l'organisme par les aliments.
L’eau "nature" reste la meilleure option : eau du robinet, de source ou minérale, plate ou pétillante. Outre l'hydratation, l’eau peut également contribuer aux apports en calcium, magnésium et sodium, en fonction de sa teneur en minéraux. D’où l’importance de varier les eaux.
Café et thé peuvent être comptabilisés comme de l'eau, estime le Conseil supérieur de la santé dans ses récentes recommandations nutritionnelles. À condition de les consommer sans sucre, sans lait et avec modération, en raison de la caféine. Les tisanes et infusions sans sucres ont aussi toute leur place comme boisson hydratante. Elles peuvent avoir des effets apaisants, digestifs ou antioxydants selon les plantes utilisées.
Un apport insuffisant en eau peut entraîner fatigue, maux de tête, troubles de la concentration, voire des complications rénales ! Les personnes âgées et les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables à la déshydratation. Buvez avant d’avoir soif : votre corps en a besoin bien avant que vous ne le ressentiez.
Certaines boissons affichent sur leur emballage la mention "eau aromatisée" ou "eau", laissant croire au consommateur qu’il achèterait une boisson "saine". Plusieurs de ces breuvages ne sont en réalité que des limonades ou des nectars de fruit déguisés... "Seules les eaux auxquelles ont été ajoutés uniquement des arômes ou extraits naturels peuvent être considérées comme telles, affirme Stéphanie Tylleman, diététicienne-nutritionniste et fondatrice des centres Dietconsult. "Les marques surfent sur le côté vital et naturel de l'eau mais il faut rester vigilant, complète Julie Hayette, diététicienne et référente santé à la MC. Si le sucre apparaît parmi les ingrédients sur l’étiquette d'une boisson ou si vous repérez le “E” d’un additif, vous savez déjà à quoi vous en tenir : ce n'est pas de l'eau."
Pour celles et ceux qui souhaitent donner du goût à leur eau, les diététiciennes conseillent d’aromatiser ou faire infuser soi-même - à chaud ou à froid – de l’eau du robinet avec des fruits (séchés), légumes, plantes ou herbes aromatiques. Une alternative plus saine... et plus légère pour le portefeuille.
Sodas, jus de fruits, smoothies, thés glacés, boissons lactées sucrées, boissons énergisantes, boissons pour sportifs… La gamme des boissons sucrées vendues dans le commerce est vaste. Les adolescents et jeunes adultes en sont particulièrement friands. Pourtant, leur consommation devrait être limitée. Situées au sommet de la pyramide alimentaire aux côtés des produits gras, sucrés et/ou salés, des charcuteries et des boissons alcoolisées, ces boissons n’ont aucun intérêt nutritionnel. Et les méfaits sur la santé d'un apport élevé et prolongé en sucre sont bien documentés : il augmente le risque de diabète de type 2, d’obésité, de maladies cardiovasculaires et de certains cancers. C’est aussi l’ennemi des dentistes : le sucre, qui fermente avec les bactéries en bouche, dissout l’émail des dents, ce qui cause de nombreuses caries. Dans les cas les plus extrêmes, une alimentation trop riche et sucrée peut provoquer une maladie chronique du foie, appelée maladie du soda ou de Nash. Cette maladie est en progression dans nos pays occidentaux.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de consommer maximum 50 gr de sucre par jour (soit 10 morceaux de sucre), alimentation et boissons confondues. "Le sucre se cache déjà dans de nombreux aliments, en particulier ceux transformés par l'industrie agro-alimentaire comme les biscuits, les plats préparés, précise Julie Hayette. Quand on sait qu’une seule cannette de soda contient l’équivalent de 7 à 8 morceaux de sucre (soit 150 à 200 calories), on peut vite dépasser la dose journalière".
Avec leur marketing vitaminé, les jus et smoothies cultivent leur image "santé". Pourtant, côté sucre, ils ne valent guère mieux. "Les jus de fruits 100 % sont composées de 10 à 12 % de sucre comme les sodas et boissons énergétiques. Et cela peut même grimper à 18 % dans les smoothies, avertit Stéphanie Tylleman. Au point que ces boissons peuvent provoquer des hyperglycémies."Ce n'est pas pour rien qu'on 'resucre' un patient diabétique en hypoglycémie avec du jus de fruits", illustre-t-elle. Aux jus de fruits et smoothies, même pressés ou préparés maison, on préférera les fruits entiers qui apportent davantage de fibres et de vitamines et procurent une plus grande satiété."
Cela dit, si l'on se veut se faire plaisir, un jus 100 % fruits sans sucres ajoutés reste préférable aux sodas et autres boissons sucrées dans lesquelles on trouve des additifs comme des édulcorants et arômes artificiels, des émulsifiants, des conservateurs et des colorants. En effet, certains additifs peuvent poser problème en raison de leurs effets potentiels sur la santé, notamment des risques allergiques, des troubles métaboliques ou une altération du microbiote intestinal.
Quant aux thés glacés aromatisés aux fruits, que les fabricants présentent comme des boissons saines, leur réputation mérite aussi d’être nuancée selon leur composition. Généralement, ils contiennent 4à 6 % de sucre, mais certains peuvent être aussi sucrés qu’une limonade. La teneur en extrait de thé frise parfois le symbolique et ils sont truffés alors d’arômes de synthèse et d’additifs. Au point que certains sont classés E au Nutri-score.
Les sodas ont quasi tous leur version "light". Leur avantage ? Ils n'apportent pas ou quasi pas de calories. Bingo ? Pas vraiment. Outre la présence d'additifs, les travaux scientifiques récents pointent du doigt les édulcorants artificiels que contiennent ces boissons "zéro calorie" – aspartame, sucralose, acésulfame K – pour leurs effets potentiellement délétères sur la santé, tels qu'un risque accru de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires, de troubles métaboliques et même de cancer. Paradoxalement, ces boissons "allégées" pourraient favoriser la prise de poids. "Les faux sucres entretiennent l’attirance pour le goût sucré et poussent à consommer encore plus d’aliments sucrés. Le cercle vicieux s’installe alors : le sucre appelle le sucre", explique Julie Hayette. L'utilisation accrue des édulcorants pour diminuer la teneur en sucre dans les boissons et les aliments inquiète aussi les experts. Pour toutes ces raisons, les recommandations de santé publique en Europe visent à limiter la consommation de boissons édulcorées.
Alors, in fine, que choisir alors si l'on souhaite se faire plaisir avec une boisson sucrée ? Stéphanie Tylleman livre ce conseil : "Optez pour une boisson qui contient de préférence moins de 4 % de sucre, comme du kefir ou du kombucha qui sont des boissons fermentées. Ou encore des eaux aromatisées avec peu de sucres. Cela ne veut pas dire pour autant qu'on peut en boire à volonté. Le problème, avec les boissons sucrées, c'est qu'on en consomme vite un volume important sans s'en rendre compte".