Incapacité de travail
Une équipe de l'UNamur a mis au point un test sanguin pour mesurer avec précision le risque de développer une thrombose. Il pourra déterminer l’éligibilité d’une femme à la pilule contraceptive ou à un traitement hormonal pour la ménopause.
Publié le: 22 novembre 2023
Par: Julien Marteleur
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Photo: © Adobe Stock - Le test permettra aux gynécologues d'évaluer si une patiente peut, sans danger pour sa santé, utiliser la pilule contraceptive.
En Belgique, 750.000 femmes prennent la pilule. Les recherches estiment que cette méthode de contraception – la plus répandue chez nous - serait associée à 753 cas de thromboses chaque année, soit deux par jour. Pour mesurer avec davantage de précision la possibilité de développer une thrombose et identifier les femmes à risque (elles représenteraient 6 à 8 % des utilisatrices), une équipe issue de QUALIblood, une société namuroise de chercheurs sous contrat avec l'UNamur, a élaboré un nouveau test sanguin : le test nAPCsr (pour Normalized activated protein C sensitivity ratio). Il permettra aux gynécologues d'évaluer si une patiente peut, sans danger pour sa santé, utiliser la pilule contraceptive.
"Si les pilules contraceptives qui contiennent des œstrogènes sont plus efficaces et mieux tolérées que celles qui n'en contiennent pas, elles peuvent présenter chez certaines femmes un risque pour leur hémostase, c'est-à-dire impacter leur capacité à réguler la formation de caillots sanguins, explique Jonathan Douxfils, CEO de QUALIblood et professeur au département pharmacie de l'UNamur. Ces déséquilibres peuvent amener certaines patientes à faire des thromboses. Les femmes ménopausées suivant un traitement hormonal de substitution sont également à risque." Selon les chercheurs namurois, 6 à 8% des patientes auraient une prédisposition à la thrombose, en fonction de facteurs génétiques ou de la présence d'une maladie auto-immune favorisant l'apparition du problème.
En pratique pour la patiente, le test consiste en une simple prise de sang, réalisée sur prescription médicale. On ajoute à ce prélèvement une protéine activée anti-coagulante : la protéine C activée (APC). Quand une résistance à cette protéine est observée, on considère qu'il y a un dysfonctionnement au niveau de la coagulation sanguine qui pourrait favoriser les risques de thrombose. Le résultat fourni par le test se présente sous la forme d'un score allant de 0 à 10. Plus le score est élevé, plus le risque de thrombose est important. "Cette information a tout son intérêt au moment de la prescription puisqu'elle permet au gynécologue de proposer la pilule adéquate selon le profil de sa patiente, voire d'investiguer davantage en cas de résultat anormal", précise Jonathan Douxfils.
Fiable et précis, le test de QUALIblood est déjà utilisé par plusieurs acteurs de l'industrie pharmaceutique dans le cadre du développement de nouveaux contraceptifs, et l'Agence européenne des médicaments l'a rendu obligatoire pour évaluer le profil thrombogène des contraceptifs oraux en étude clinique.
Pour le CEO de la spin-off namuroise, "ces tests contribueront également à faire des économies en matière de soins de santé. La prise en charge d'une thrombose coûte un peu plus de 30.000 euros par an par patiente, sans compter le risque de récidive qui peut atteindre les 30 % à cinq ans. Détecter le risque de thrombose sur une large population permettrait de réduire les couts liés à la maladie de plusieurs millions d'euros."