Consommation
Les dépenses de l'État belge en matière de médicaments augmentent d’année en année. Selon une récente étude de la MC, la plus grande part du budget est allouée aux traitements anticancéreux, administrés à l'hôpital en ambulatoire.
Publié le: 20 novembre 2023
Par: Julien Marteleur
3 min
Photo: © Adobe Stock - Les antitumoraux sont des médicaments coûteux, qui pèsent indéniablement dans la balance budgétaire.
L'Inami l'a annoncé récemment : les dépenses publiques en médicaments augmentent d'année en année. La raison principale ? Les médicaments délivrés par des pharmacies hospitalières, pour des patients se rendant à l'hôpital pour un traitement en ambulatoire (sans devoir y passer la nuit, NDLR). Le service d'études de la MC s'est penché sur la question et a analysé les données de facturation des membres de la mutualité, afin de mieux comprendre quels médicaments étaient spécifiquement responsables de cette hausse, estimée à… +227% entre 2010 et 2022 !
Premier constat : l'an dernier, la moitié des 2,9 milliards d'euros à charge de l'assurance obligatoire soins de santé pour le traitement médicamenteux des patients ambulatoires était consacrée à des traitements anticancéreux, de la classe des antitumoraux. Il s'agit, entre autres, de spécialités servant à soigner les personnes se rendant dans un établissement hospitalier pour effectuer une chimiothérapie. Des médicaments coûteux, qui pèsent indéniablement dans la balance budgétaire. "Des investissements sont nécessaires dans la prévention pour réduire le risque de cancer, pointe Élise Derroitte, directrice politique et études de la MC. Il est impératif de maîtriser les dépenses de santé dans notre société vieillissante."
Car conjointement, un autre élément peut expliquer une telle augmentation des dépenses : l'âge des patients, la MC comptant environ 43 % de membres âgés de plus de 50 ans. La mutualité a calculé que pour un patient âgé de 51 ans ou plus, les coûts annuels ont augmenté de 587 euros en 2010 à 1.627 euros en 2022. Parmi ces patients, 61 % ont reçu au moins un remboursement en 2022 pour un traitement délivré à l'hôpital sans avoir dû y passer la nuit.
Les chercheuses de la MC ont également relevé qu'en termes de médicaments, les sommes remboursées par la sécurité sociale sont concentrées sur un nombre très réduit de spécialités : les dix molécules avec les dépenses les plus élevées représentaient 43 % des dépenses totales en 2022. Il est à noter que six de ces dix molécules sont nouvelles et ne sont remboursées que depuis 2016. La plus récente, le tafamidis (une molécule traitant l’amyloïdose, une maladie causée par la production d'une protéine indésirable dans les organes), a par exemple à elle seule coûté 86 millions d’euros à l’assurance obligatoire soins de santé.
En outre, parmi ce "top 10" des médicaments chers, huit d'entre eux sont temporairement remboursés par le biais d'un accord entre le ministre de la Santé et la société pharmaceutique qui les produit, via des "contrats secrets", déplore la MC dans son étude. Des "accords spéciaux" qui ont récemment fait l'objet d'une attention particulière de la part des médias du groupe IPM (la Libre, la DH, Moustique, …). Dans une vaste enquête, ils ont révélé que la Belgique paiera 3,2 milliards d'euros cette année pour ces médicaments. Soit… 218 fois plus qu'en 2010 !
À la base, l'objectif de ces contrats est de permettre aux patients de bénéficier plus rapidement de remboursements pour des médicaments innovants. Dans la pratique ? Une opacité au niveau du prix réel et de l'efficacité de ces molécules… "L'argent que nous dépensons dans des médicaments, c'est de l'argent que nous ne pouvons plus dépenser dans d'autres secteurs des soins de santé. Nous devons évaluer quels médicaments ont une réelle plus-value de soin. Offrent-ils la qualité de vie nécessaire après le traitement ? Vivez-vous effectivement plus longtemps avec ?", interroge Élise Derroitte.